Voltaire (1694-1778), le "maître à penser" de son époque, le siècle des Lumières, fait paraître Candide à Genève en janvier 1759, à une période de rupture dans sa vie et de crise dans les événements extérieurs. Il est à un tournant dans sa vie d'écrivain. Le conte, genre mineur, fait pour divertir, devient entre ses mains une arme de polémiste qui combat l'optimisme, le fanatisme et les aberrations de la société.
Ce texte qui ouvre le conte décrit la société du château de Thunder-Ten-Tronck, où naît le héros, Candide. Ce chapitre sert donc d'exposition, de mise en route de l'action. A une description du "paradis terrestre" qu'est le château et une présentation des personnages, succède le récit des événements qui vont en chasser Candide (...)
[...] Ce chapitre sert donc d'exposition, de mise en route de l'action. A une description du paradis terrestre» qu'est le château et une présentation des personnages, succède le récit des événements qui vont en chasser Candide. Il annonce aussi les thèmes majeurs du livre. Cet univers que Candide juge parfait contient des défauts qui vont rendre possible l'évolution du héros et qui inaugurent le combat de Voltaire contre le pouvoir des nobles, le dogmatisme intellectuel incarné par la philosophie optimiste. Dès le début, le conte traditionnel devient un outil à éveiller notre sens critique. [...]
[...] La description d'une famille noble ne respecte pas l'ordre hiérarchique d'usage : Candide, le bâtard, est présenté avant le baron, Cunégonde est décrite avant son frère. Le protocole aurait voulu l'ordre suivant : le baron, sa femme, le fils, la fille, le bâtard. Un monde figé dans ses préjugés et ses prétentions : Voltaire attaque ici les généalogies qui font l'orgueil des nobles : Candide est un bâtard parce que son père n'a pu prouver que 71 quartiers de noblesse (ce qui représente tout de même des siècles), alors que les Thunder-ten-tronck en ont 72, comme nous l'apprendrons au chapitre 15. [...]
[...] Le débat autour de la bâtardise de Candide et le portrait de la baronne vont dans le même sens. L'auteur intervient dans le récit : c'est, je crois, pour cette raison qu'on le nommait Candide Le crois introduit un doute sur la réalité décrite, en même temps qu'il renvoie à l'oralité du conte traditionnel. Voltaire nous incite ainsi à prendre une distance critique et à dépasser les apparences pour les remettre en question. Pour Candide, l'univers du château est ordonné et rassurant, c'est le monde des certitudes, c'est le paradis. [...]
[...] Candide et Pangloss et le thème majeur de l'absurdité de l'optimisme. Il montre un monde clos, apparemment idyllique, en réalité un monde d'illusions, celui dans lequel a grandi Candide : il a été formé à la philosophie nuisible de Pangloss, a découvert 'amour avec Cunégônde et est un bâtard déclassé dans une société où le pouvoir est exercé par des nobles qui ne sont que dans le paraître, coupés de la réalité. Cette dénonciation des illusions vise à promouvoir la vraie philosophie aux yeux de Voltaire, celle des Lumières où, grâce à la raison et à l'expérience, l'homme peut trouver le bonheur, la liberté et s'épanouir. [...]
[...] Il met en place la technique de Voltaire : il ne s'engage pas dans des arguments mais détourne le conte traditionnel au profit de la critique philosophique. Son arme essentielle est l'ironie associée à ses talents de conteur : les malheurs de Candide ne font que commencer. [...]
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