Ce chapitre 6 est une critique ironique de l'Inquisition et nous déduisons vite les objectifs de Voltaire qui sont la lutte contre l'intolérance, la dénonciation de la superstition et la dénonciation de l'optimisme naïf. On retrouvera à travers cet épisode, Voltaire, farouche ennemi du fanatisme. C'est pourquoi nous pouvons développer deux axes de lecture : l'omniprésence de l'ironie et la dénonciation.
La critique du fanatisme est dans cet extrait manifestée par la tonalité ironique employée par le narrateur. La mise en valeur des sages, du caractère apparemment réfléchi et raisonnable de leur décision souligne l'ironie de leur comportement. Tout ce qui touche à la décision d'organisation de la cérémonie est présenté de manière apparemment élogieuse, avec une insistance particulièrement admirative sur ce qui, précisément, ne mérite aucune admiration. L'auteur souligne avec dérision la sagesse et le savoir.
[...] (Objectif : satisfaire le peuple et seulement cela). L'ironie vient du décalage entre les circonstances et la décision ; sa forme et son contenu. Voltaire utilise ici ce procédé propre à attirer l'attention du lecteur. L'autre grande présence de l'ironie est assurée par l'exagération de la présentation esthétique de la cérémonie ; la réalité masquée par le spectacle. Tout d'abord le décalage entre gravité de la situation (condamnations à mort) et légèreté avec lequel les choses sont traitées : spectacle, réjouissance populaire. [...]
[...] On recherche ceux-ci après avoir décidé du châtiment, ils sont des Boucs émissaires issus d'une fausse logique. Les quatre raisons de punir données par les sages ne sont pas acceptables, mais s'intègrent dans un système de relations de cause à effet : avoir épousé sa commère, avoir arraché le lard d'un poulet, avoir parlé et avoir écouté sont présenter comme des raisons suffisantes pour condamner à mort les 5 victimes. Pour finir le vocabulaire théologique et juridique, saisi, convaincu crée un sérieux artificiel. [...]
[...] Cérémonie et exécutions sont relatés sur le même ton neutre ; continuité narrative qui met sur le même plan le fait d'entendre un sermon et d'être fessé, brûlé ou pendu. C'est un phénomène de banalisation qui souligne le peu de cas que ces sages font d'une vie, la légèreté de leurs décisions lorsqu'il s'agit d'une condamnation à mort. On peut aussi remarquer ce procédé en analysant la périphrase par rapport à l'autodafé : l.4-5 : "Le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu", «spectacle renvoie au voyeurisme Les deux premières phrases sont redondantes, cette insistance attire l'attention sur leur contenu. [...]
[...] Ce texte narratif et ironique présente une force argumentative indéniable. À travers un récit chronologique et, en apparence, logique Voltaire veut convaincre le lecteur que les raisonnements des sages et des religieux, leurs décisions sont illogiques, incohérentes, inefficaces et souvent inhumaines. Ce texte s'inscrit dans le combat philosophique qu'est la lutte contre l'intolérance, la barbarie, la superstition et pour le développement de la raison que mènent les Encyclopédistes. [...]
[...] Quant à Candide et Pangloss, ils sont arrêtés pour des raisons absurdes. Les condamnations sont disproportionnées. En effet, on observe une incompatibilité morale entre le non-respect d'une pratique imposée par le catholicisme, le retour à des pratiques traditionnelles pour deux Portugais issus du Judaïsme, des propos prétendument dangereux tenus par Pangloss et l'attitude simplement attentive du disciple et le châtiment qui en découlent : la mort. Le dernier paragraphe est là pour nous ramener à l'horreur de ces châtiments, qui avait été un peu gommée, par une accumulation d'adjectifs qui fait ressortir les conséquences de l'horreur. [...]
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