INTRODUCTION
Si Victor Hugo a marqué le XIXème siècle, François-Marie Arouet dit Voltaire incarne le siècle précédent, connu sous le nom de siècle des Lumières. Son oeuvre immense a pour enjeu l'un des combats majeurs de cette époque, à savoir la lutte pour une société plus juste, en réaction contre ce qu'il nomme lui-même « l'Infâme », c'est-à-dire toutes les formes de fanatismes et d'intolérance. S'il a écrit des ouvrages très variés comme Essai sur les moeurs (1769), Traité sur la tolérance (1763), Dictionnaire philosophique (1764), Lettres, il est aussi devenu le maître incontesté du conte philosophique avec Zadig en 1747 mais surtout avec Candide ou l'Optimisme, publié douze ans plus tard. Le héros éponyme, qui a passé une enfance heureuse dans le château de son oncle, le baron de Thunder-ten-Tronckh, est chassé brutalement de cet univers idyllique lorsqu'on découvre son amour pour Cunégonde. En quoi cet incipit est-il le début d'un conte philosophique ? [+ ANNONCE DES AXES]
[...] II Les « grincements », révélateur de l'ironie du texte A Les discrètes interventions du narrateur Les noms propres, l'annonce de la tonalité ironique du texte : → La dureté du nom du baron souligne sa cruauté puisqu'il va chasser Candide et le livrer à lui-même sans scrupules → La consonance allemande de « Thunder-ten-tronkh » se justifie par le fait que le conte se déroule en Westphalie. → Le nom de « Candide » résume le personnage et l'enferme dans une naïveté qui confine à la bêtise. [...]
[...] Une ironie qui passe par le point de vue de Candide : La scène semble être vue par un regard qui se contente de constater mais qui est incapable de les interpréter. B Les justifications absurdes révélant l'envers du décor La justification du refus de la sœur du baron de se marier La justification du refus de la sœur du baron d'épouser « un bon et honnête gentilhomme du voisinage » pour une raison absurde et superficielle montre l'attachement de la famille du baron aux apparences : « parce qu'il n'avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre avait été perdu par l'injure du temps ». [...]
[...] En quoi cet incipit est-il le début d'un conte philosophique ? ANNONCE DES AXES] I L'univers du conte Avant toute chose, l'incipit met en avant un univers du conte traditionnel, qui est illustré dans le texte par les formules du conte, les éléments spatio-temporels ainsi que des personnages représentatifs de ce genre très codé, qui fait partie des références culturelles du lecteur. A Les formules traditionnelles du conte Une première phrase qui annonce le conte : « Il y avait en Westphalie » Les tendances langagières du conte → Utilisation de comparatifs et de superlatifs qui créent un monde manichéen, qui présente l'intérêt de proposer des repères simples Un univers idyllique → Le texte est envahi par une caractérisation positive (cf. [...]
[...] La dénonciation se fait par le choix d'un ton ironique dont les noms, le point de vue et les interventions du narrateur. Tous ces indices sont amplifiés par les justifications absurdes de la dignité du baron et sa famille et celles qui doivent valider la philosophie de Pangloss reposant en réalité uniquement sur une apparence de raisonnement, vide de tout contenu et de toute logique. On peut finalement s'interroger sur la suite en se demandant si cet incipit est à l'image du reste de l'œuvre. [...]
[...] → La confusion entre la réalité et les apparences est soulignée par ces rapprochements. → La baron, en apparence un aristocrate fortuné, n'est en fait qu'un petit hobereau de province. C Une philosophie qui sonne faux Une appellation ironique de la science de Pangloss Le choix de nommer « métaphycico-théologo-cosmolonigologie » sa « science » indique qu'elle n'est qu'un vaste « fourre tout » qui s'appuie surtout sur la naïveté de son public. Un savoir qui n'est qu'un tissu de banalités dites sur un ton docte Le verbe « prouver » met en valeur par son ironie le fait que justement s'il soutient un certain nombre d'idées, il n'en prouve aucune, comme le montre ces justifications absurdes : - « les nez ont été faits pour porter des lunettes ; aussi avons-nous des lunettes » - « [l]es jambes sont instituées pour être chaussées, et nous avons des chausses » - « [l]es cochons étant faits pour être mangés, nous mangeons du porc » Des justifications inexistantes Pangloss utilise un principe pour se justifier : son raisonnement n'en est pas un mais se contente d'en avoir l'apparence → « Il est démontré, disait-il que les choses ne peuvent être autrement : car, tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure » CONCLUSION L'incipit de Candide reprend de nombreux éléments du conte traditionnel pour mieux les subvertir. [...]
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