La Peste est un roman bâti comme une tragédie en cinq actes : une brève ouverture situe l'action, en avril 194?, à Oran, une ville laide, sans âme, une cité moderne et « ordinaire ».
La peste, terrifiante et absurde épidémie venue de nulle part, plonge la ville dans la douleur et oblige les habitants à l'exil ou la claustration (...)
[...] Le passage que nous allons tenter d'analyser se situe à la toute fin du roman (avant-dernier chapitre). Nous sommes en Février, la maladie régresse peu à peu. Les portes de la ville s'ouvrent et les habitants, enfin libérés, n'oublierons jamais cette difficiles épreuve qui les a confrontés à l'absurdité de leur existence et à la précarité de la condition humaine. Bernard Rieux, médecin, se sauve de l'absurde en se consacrant à sa tâche quotidienne, en perpétuant la vie contre tout ce qui peut la mettre en péril, accepte l'irrémédiable (comme la mort de sa femme). [...]
[...] Voilà la notion d'osmose et de partage. En effet le texte indique que la foule grossissait autour de lui il se fond en elle, il est interpellé et est pressé de toute part». Rieux tente de dépasser l'absurde en se limitant à ses tâches quotidiennes et en privilégiant la souffrance physique sur les tourments métaphysiques. Il agit, tout simplement. Il pense au bien être de l'homme avant tout : En pensant à l'exil Rieux se dit d'ailleurs qu'il n'est pas important que ces choses aient un sens ou non, mais qu'il faut voir seulement ce qui a répondu à l'espoir des hommes. [...]
[...] La peur, personnifiée, s'acharne sur tous ces hommes obstinément les malmène sans fin, les tue par l'usure. L'agonie, physique et mentale est à son comble comme le prouvent les hyperboles : terrible révolte épouvantés amoncellements de mort La douleur est totale, envahit leur être autant« dans leur chair que dans leur crâne Le bruit paraît infernal et les harcèle : les timbres des ambulances le vacarme s'enflait (telle une plaie). - L'ironie : Camus se sert de cet élément de rhétorique pour exprimer la notion d'absurde. [...]
[...] L'adverbe toujours peut également exprimer l'idée d'une démarche sans but, absurde, d'un temps cyclique, qui se renouvelle, itératif. Le héros du récit se fond dans la masse exaltante, dans l'anonymat d'une foule dont il constitue un élément. Désigner un personnage par sa fonction sociale met en relief l'importance de sa relation à autrui. Il trouve dans la nécessité, souvent réaffirmée, de faire son métier sa raison d'exister. De plus, il s'avère être le seul héros, au sens fort du terme, en tentant quotidiennement de préserver le seul bien dont dispose vraiment l'homme : sa vie. [...]
[...] De plus, Rieux se sent viscéralement lié à la communauté des hommes souffrants : L'agonie des autres est la sienne, il la partage, la comprend et la ressent : il comprenait de mieux en mieux le cri qui, pour une part au moins, était son cri Dans le même sens, l'expression ce grand corps hurlant fait même penser aux formules de l'Eglise sur le corps des fidèles, la maison de Dieu. Le médecin communie avec les hommes mais il ne recherche pas le dépassement dans le transcendant ; il s'en tient à l'homme. Combattre contre la peste, la maladie, toujours plus forte que l'homme, n'était-ce pas absurde ? [...]
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