Le narrateur - on sait qu'il s'agit du docteur Rieux qui parle puisqu'il s'agit de la chronique qu'il écrit pendant l'évolution dramatique du fléau - présente d'emblée la ville comme « laide ». Cet adjectif qualificatif très péjoratif place Oran sous le signe du négatif (...)
[...] Mais ce portrait est général, tout d'abord, collectif. En effet, nous remarquons l'utilisation du pronom indéfini on on y travaille on y aime on y meurt Cette généralisation montre que les habitants sont pris dans leur ensemble. Ce sont eux qui vont vivre des évènements tragiques, qui vont souffrir, qui vont finalement les surmonter. Ce on devient ainsi le personnage principal de l'histoire collective, et en grande partie anonyme. En outre, la vie des habitants de Oran apparaît tout aussi banale et ordinaire que la ville elle-même. [...]
[...] Le texte que nous avons à étudier est l'incipit de La Peste, roman publié en 1947. Ce début est conçu d'une façon pouvant être dite classique, dans le sens où, tel une exposition, il est destiné à nous livrer toutes les informations que doit livrer un incipit de roman (temps, lieu, personnages, action). Lecture. Nous nous demanderons donc dans quelle mesure cet incipit correspond aux canons du genre et nous donne les outils nécessaires à l'analyse et à la compréhension de l'œuvre. [...]
[...] Un point de vue critique sur une ville neutre : Outre le fait que cette ville semble dépourvue de toute poésie, voire de toute vie, elle apparaît comme banale, tout à fait ordinaire: il n'y a pas de monuments, donc pas de traces d'un riche passé historique et culturel; elle est on ne peut plus ordinaire. Afin d'accentuer cette banalité, le narrateur mentionne que le changement des saisons ne s'y lit que dans le ciel tellement le cours de la vie y est monochrome, sans relief. C'est alors l'occasion pour le docteur Rieux d'exposer un point de vue fort critique sur Oran. Il décrit en effet les conséquences - généralement négatives- de chacune des saisons sur la vie à Oran. [...]
[...] Le lecteur entre dans un univers sombre, lugubre, qui ne fait qu'annoncer un drame à venir. La suite du texte ne fait que confirmer cet aspect. En effet, nous relevons les anaphores de la préposition sans marquant l'absence, la privation - sans pigeons, sans arbres et sans jardins et de l'adverbe de négation ni - ni battements d'ailes, ni froissements de feuilles Il ne semble pas y avoir de place pour l'inutile, dans cette ville commerçante et affairiste. Oran semble donc dépourvue de toute vie, voire inhumaine. [...]
[...] Cependant, ce qui caractérise le mieux la vie des Oranais, c'est l'ennui et l'habitude; ces deux lexiques sont largement représentés dans ce paragraphe: on s'y ennuie habitudes à heure fixe se promènent sur le même boulevard se mettent à leurs balcons C'est une habitude typiquement méditerranéenne que de profiter de la fraîcheur du soir, mais Camus insiste sur le caractère routinier. La vie des Oranais pourrait apparaître comme bien remplie - du même air frénétique et absent mais en réalité, elle est faite d'ennuis et d'habitudes. Rien ne semble se passer, sinon ce qui est rituel. Les habitants ont une existence routinière. Les occupations des Oranais: L'appât du gain semble l'occupation principale des Oranais. [...]
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