Le texte se décompose aisément en trois temps qui correspondent aux trois paragraphes du passage.
Le premier s'apparente à une révélation : Tarrou découvre qu'un homme se cache derrière ce qu'on appelle un coupable et il se voit fasciné et comme hypnotisé par lui ("je n'eus plus d'yeux que pour lui"). C'est donc la figure de l'inculpé qui domine ici et Tarrou en croque la silhouette, à la manière des journalistes qui assistent aux procès. Il saisit certains détails (le "poil roux", "le noeud de sa cravate", "les ongles rongés", etc.) afin d'en brosser un portrait vivant qui met la scène sous les yeux de l'interlocuteur.
Dans le paragraphe suivant, le point de vexe se déplace sur Tarrou adolescent. Sont mentionnées alors les émotions qui l'ont assailli lors du procès ("me serrait le ventre", "je sentais", etc.) (...)
[...] L'accusation porte contre ce système repose d'abord sur une évidence d'ordre instinctif. Selon lui, les hommes n'ont une idée fort abstraite de ce qu'est une condamnation à mort et il veut montrer ici le hiatus qui existe entre l'idée et la chose concrète. C'est ainsi qu'on observe tout au long du texte un lexique de l'émotion et de la sensation : serrait le ventre je sentais instinct n'écoutais presque rien et aveuglément La situation réelle (un accusé condamné à mort) a donc eu un effet physique sur le jeune homme et a balayé toute idée préconçue. [...]
[...] En effet, Tarrou ne mentionne pas le chef d'inculpation il importe peu de quoi et la modalisation je crois laisse même planer un doute sur sa culpabilité. En outre, le parallélisme effrayé par ce qu'il avait fait et ce qu'on allait lui faire établit une forme d'équivalence entre le crime et le châtiment. Plus loin, la façon dont le jeune homme rend compte de la scène je sentais qu'on voulait tuer cet homme vivant inverse clairement les rôles des différents acteurs et prête à la justice des intentions criminelles. Le superlatif final le plus abject des assassinats présente définitivement la peine de mors comme un meurtre. [...]
[...] Commentaire littéraire : La Peste de Camus Les confidences de Tarrou Support : 4e partie, 6e section de je n'ai pourtant gardé de cette journée . à . le plus abject des assassinats. La sixième section de la quatrième partie est centrée sur deux personnages : Rieux et Tarrou. Les deux hommes se retrouvent dans un lieu propice à l'intimité, une terrasse qui domine la ville, comme si la peste n'était jamais montée là Tarrou veut prendre alors le temps d'expliquer à Rieux qui il est véritablement. [...]
[...] Le souvenir de cette journée apparaît comme une expérience décisive pour l'adolescent. Il s'agit en effet d'un tournant souligné par plusieurs indices temporels : brusquement jusqu'ici et, dans la phrase qui suit directement le passage, À. partir de ce jour», répété deux fois. En outré, le caractère exceptionnel du moment est décelable à travers des hyperboles qui disent l'intensité de la découverte : un instinct formidable comme une vague aveuglément entêté bien plus vertigineuse que ne l'eut jamais . Cette journée paraît fondatrice car elle marque l'engagement de Tarrou contre tout ce qui peut donner la mort el qu'il appelle par métaphore la peste. [...]
[...] De plus, il le figure comme un animal poil roux hibou effarouché que l'on traque. Enfin, la formule qui clôt le portrait il était vivant résonne fortement et rend par contraste la perspective de la mort monstrueuse. À l'opposé, le magistrat suscite l'antipathie pour plusieurs raisons. Son absence de sentiment ni bonhomme ni affectueux dénote son peu d'humanité. Plus que cela, la métaphore animale qui lui est attribuée sa bouche grouillait de phrases [ comme des serpents est connotée très négativement : ses paroles distillent un venin mortel. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture