Afin de sceller leur amitié, le docteur Rieux et Tarrou s'autorisent une liberté, la seule de tout le roman : ils stoppent leur voiture devant le port et se rendent sur la « jetée ». Se dessine alors un paysage merveilleux, qui ne peut que contraster avec l'horreur de la ville d'Oran soumise à la peste (...)
[...] Ce texte se situe au moment où l'épidémie de peste est entrée dans une phase de régression. L'œuvre peut être dite, jusque là, étouffante. La peste obsède les esprits, tue; mais cet extrait relate un moment d'apaisement, après la mort de l‘enfant, un moment où la peste semble oubliée: au nom de l'amitié, Tarrou propose à Rieux de prendre un bain de mer. Il s'agit d'un appel de la vie, d'un retour à la vie pour ces deux personnages qui ne cessent de lutter contre l'horreur de l'épidémie. [...]
[...] Ils sont unis jusque dans la pensée, puisque Rieux anticipe les pensées de son ami Tarrou: Rieux savait que Tarrou se disait ».Cet extrait constitue donc un moment de bonheur, de soulagement, chez les deux hommes. Hymne à l'amitié, hymne à la vie, ce texte illustre parfaitement la foi de Camus en l'homme. Certes, l'existence est absurde, est dépourvue de sens -l'agitation quotidienne et la souffrance sont insensée puisque débouchant sur la mort mais l'homme, par sa volonté, par sa dignité, peut donner du sens. Cependant, ce moment de répit n'est qu'éphémère. III Le retour à la réalité: La lutte contre l'épidémie est un combat de longue haleine. [...]
[...] Alors que dans l'incipit du roman, la ville d'Oran est présentée comme hostile à toute forme de vie, cette nature invite l'homme à communier avec elle. A cet égard, il est dit qu'ils tournent le dos à la ville: Derrière eux Vers la fin du texte, le contraste est tel qu'ils sont dits loin du monde, libérés enfin de la ville et de la peste Une scène sensuelle: A l'approche de la jetée, les deux hommes sont avertis de la présence de l'élément marin grâce à leurs sens. [...]
[...] La parataxe du début de ce paragraphe Rieux plongea le premier. Froides d'abord illustre cette absence de contraintes, cette absence de tourment, jusqu'à mimer le rythme apaisé de la nage de Rieux (ou peut-être sa respiration). Nous avons donc affaire à une véritable parenthèse dans le roman. Enfin, nous remarquons que les deux êtres ne dialoguent pas: Sans rien dire Une si intense communion avec la nature et entre les personnages se passe de paroles, qui ne viendraient que perturber cet instant de parfaite compréhension avec la nature et entre les êtres. [...]
[...] En outre, afin de se baigner, ceux-ci se mettent nus Ils se déshabillèrent ils ressentent alors toutes les bienfaisances de la mer, à la fois par le toucher, la vue, l'odorat et l'ouïe. Tous les sens se trouvent sollicités. En ce sens, nous pouvons dire que ce texte repose sur le registre lyrique. Cette nudité dans la mer ne peut que rappeler au lecteur la nudité dans la mère, d'où l'idée de régénérescence, de renaissance chez les deux protagonistes. Cet instant de sensualité, d'osmose avec la nature, de renaissance, apparaît véritablement comme un moment de répit dans le roman. [...]
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