[...] L'auteur du récit est un narrateur apparemment anonyme, qui parle de lui à la troisième personne du singulier. Ne disant jamais "je", il semble être un spectateur attentif ou un acteur secondaire du drame, dont il tient la chronique. Camus se livre en effet à la transcription minutieuse, incolore le plus souvent, d'événements, de dialogues, ou de réflexions qui sont cependant toujours le fait du docteur Rieux. Au dernier chapitre du roman, le lecteur découvrira que le narrateur n'est autre que Rieux lui-même.
Dans ce passage comme dans le reste du roman, le héros central s'efface, et les étapes de sa pensée sont indiquées à la troisième personne du singulier. C'est néanmoins à travers lui que nous découvrons le spectacle environnant et vivons l'expérience de la peste. Camus reprend ici en effet la technique romanesque traditionnelle que nous avons rencontrée dans les romans du XIC° siècle, la vision intérieure. C'est essentiellement à partir du point de vue de Rieux que le lecteur découvre les divers événements et les réflexions qu'ils provoquent.
Les premières lignes renvoient directement aux pages qui précèdent et nous ramènent à l'entrevue de Rieux et de Castel, un confrère, quand le mot "peste" a été prononcé pour la première fois. En témoignent l'imparfait du verbe regarder (ligne 1) et l'adverbe "toujours". Ce terme obsède Rieux : "le mot qui résonnait encore dans la pièce".
Le docteur est d'abord tenté d'appréhender le phénomène en termes médicaux, mais il ne peut trouver véritablement de réconfort dans "ce que la science voulait bien y mettre". La relecture des symptômes de la peste, fièvre, ganglions, tâches noirâtres, la consultation d'ouvrages scientifiques rappelant les épidémies anciennes, le récit horrible de certaines pestes de l'Antiquité, tout cela ne constitue en fin de compte que "des fils et des mouvements insignifiants" (lignes 37/38) (...)
[...] Camus La Peste première partie) Vous ferez un commentaire composé de ce texte tiré du roman d'Albert Camus. INTRODUCTION Le roman d'Albert Camus, La Peste parut en 1947, et obtint aussitôt un très grand succès , en France et à l'étranger. Il fut même ces dernières années l'objet d'une adaptation cinématographique. Cette œuvre qui date des années qui ont suivi la Libération de la France en 1945, est le résultat d'un long travail , commencé plusieurs années auparavant . L'auteur avait effectué de nombreuses lectures , scientifiques, historiques , œuvres littéraires, sur l'épidémie de la peste. [...]
[...] On pouvait imaginer les bûchers rougeoyants devant l'eau tranquille et 25 sombre, les combats de torches dans la nuit crépitante d'étincelles et d'épaisses vapeurs empoisonnées montant vers le ciel attentif. On pouvait craindre . Mais ce vertige ne tenait pas devant la raison. Il est vrai que le mot de peste avait été prononcé, il est vrai qu'à la minute même le fléau secouait et jetait à terre une ou deux victimes. Mais quoi, cela pouvait s'arrêter. Ce qu'il fallait faire, c'était reconnaître 30 clairement ce qui devait être reconnu, chasser enfin les ombres inutiles et prendre les mesures qui convenaient. [...]
[...] Les Oranais sont engoncés dans leurs habitudes, inconscients de ce qui les attend. Mais Rieux aime les autres, quels qu'ils soient, et toute sa conduite est marquée par une attention extrême aux autres et un respect pour les attitudes autres que la sienne. La répétition du verbe faire, ce qu'il fallait faire »(ligne 29) et «l'essentiel était de bien faire son métier (ligne est significative. Pour Rieux, il s'agit d'abord de bien faire son métier, c'est à dire exercer correctement sa profession de médecin, éloigner la souffrance et sauver les corps. [...]
[...] CAMUS La Peste ( 1947) La méditation du docteur Rieux sur la peste Le docteur regardait toujours par la fenêtre. D'un côté de la vitre, le ciel frais du printemps, et de l'autre côté le mot qui résonnait encore dans la pièce : la peste. Le mot ne contenait pas seulement ce que la science voulait bien y mettre, mais une longue suite d'images extraordinaires qui ne s'accordaient pas avec cette ville jaune et grise modérément animée à cette heure, bourdonnante plutôt que bruyante, heureuse en somme, s'il est possible qu'on puisse être à la fois heureux et morne. [...]
[...] Enfin, nous dégagerons la leçon de conduite qui suit cette méditation, et qui propose la compassion, la prise en compte de la réalité et l'action. L'auteur du récit est un narrateur apparemment anonyme, qui parle de lui à la troisième personne du singulier. Ne disant jamais je il semble être un spectateur attentif ou un acteur secondaire du drame, dont il tient la chronique. Camus se livre en effet à la transcription minutieuse , incolore le plus souvent , d'événements, de dialogues, ou de réflexions qui sont cependant toujours le fait du docteur Rieux. [...]
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