Dans le malentendu, pièce en 3 actes écrit en 1942-1943, Albert Camus a mis sa conception de la vie, absurde et tragique. Il y montre une auberge tenue par une mère et sa fille, qui tuent les voyageurs de passages pour les voler. Mais leur dernier pensionnaire est en fait leur fils et frère, revenu incognito après une longue absence. La pièce est fondée sur un fait divers réel, survenu en Tchécoslovaquie en 1935. L'extrait : le dénouement étudié met en scène le face à face tragique de 2 femmes : Maria venue retrouver son mari à l'auberge et Marthe, la meurtrière impassible.
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En effet dans ce passage on pourrait d'abord relever l'omniprésence de la mort. On peut premièrement remarquer la répétition du verbe "tuer" ainsi que la présence du champ lexical de la mort et du malheur. On relève par ailleurs des termes comme "criminelles" l.3, mais aussi "malheur" l.10, "tuait" l.13, "tuer" l.15 et enfin "mourir" l.29, 33, 34. La mort est aussi représentée par la mort des certains personnages, on dénombre celle du mari tué par sa soeur et sa mère, la mort de la mère du mari : "ma mère a rejoint son fils" l.20-21" et aussi le souhait de Martha de disparaitre, mais cependant non de rejoindre sa mère et son frère : " j'ai décidé de mourir à mon tour. Mais je ne veux pas me mêler à eux" l.29, 30 ; "il me reste ma chambre, il y sera bon d'y mourir seule" l.32- 33 (...)
[...] Et pendant qu'il cherchait ses mots, on le tuait. (Elle se met à pleurer.) Et vous, comme deux insensées, aveugles devant le fils merveilleux qui vous revenait . car il était merveilleux, et vous ne savez pas quel cœur fier, quelle âme exigeante vous venez de tuer ! Il pouvait être votre orgueil, comme il a été le mien. Mais, hélas, vous étiez son ennemie, vous êtes son ennemie, vous qui pouvez parler froidement de ce qui devrait vous jeter dans la rue et vous tirer des cris de bête ! [...]
[...] MARTHA Il n'y a pas là de quoi m'émouvoir. Vraiment, ce serait peu de chose. Moi aussi, j'en ai assez vu et entendu, j'ai décidé de mourir à mon tour. Mais je ne veux pas me mêler à eux. Qu'ai-je à faire dans leur compagnie ? je les laisse à leur tendresse retrouvée, à leurs caresses obscures. Ni vous ni moi n'y avons plus de part, ils nous sont infidèles à jamais. Heureusement, il me reste ma chambre, il sera bon d'y mourir seule. MARIA Ali ! [...]
[...] - La fatalité de cette histoire : registre tragique et pathétique . II) Une réflexion sur l'existence L'absurdité de l'existence Cette absurdité de l'existence , elle est symbolisée par Martha , l'héroïne symbolise l'être absurde . C'est une vision pessimiste à laquelle elle fait référence : solitude inéluctable et absence de passion : " Il n'y a pas la de quoi s'émouvoir" (l.28) ; "j'en ai assez vu et entendu" (l.29) , " Je les laisse à leur tendresse retrouvée , à leurs caresses obscures" (l30-31) , " Qu'ai-je à faire dans leur compagnie ? [...]
[...] C'est l'absurdité de l'existence La révolte dérisoire L'auteur ajoute des didascalies aux répliques pour le personnage de Maria. Elle font ressentir l'évolution des sentiments de ce personnage pathétique , ceux-ci font ressortir une révolte mais dérisoire, l'antithèse de Martha: " toujours avec le même effort " (l.5) , "d'une voix sourde" (l.8) , " elle se met à pleurer" (l.13-14) : l'affliction l'accable , puis laisse place à la colère : "avec "haine" (l.25) . Ses phrases sont interrogatives au début (l.3-5) puis exclamatives avec des injonctions ( Oh! [...]
[...] Le flot commence à les ronger. On les découvrira bientôt et ils se retrouveront dans la même terre. Mais je ne vois pas qu'il y ait encore là de quoi me tirer des cris. Je me fais une autre idée du cœur humain et, pour tout dire, vos larmes me répugnent. MARIA, se retournant contre elle avec haine. Ce sont les larmes des joies perdues à jamais. Cela vaut mieux pour vous que cette douleur sèche qui va bientôt me venir et qui pourrait vous tuer sans un tremblement. [...]
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