La scène se déroule dans une salle de classe, transformée pour l'occasion en hôpital. Or, une salle de classe symbolise communément la vie, la jeunesse, avec tout ce que cela implique - l'éducation, l'instruction, l'avenir... Cependant, cette salle est désormais marquée par la souffrance, la mort (...)
[...] L'épidémie est ici à son paroxysme, la ville d'Oran est isolée du monde. Rieux a trouvé en Tarrou un ami et un organisateur efficace, un homme tout autant révolté et volontaire que lui pour combattre le fléau, afin de retrouver la paix intérieure. Dans ce passage, nous assistons à la mort d'un enfant, d'un innocent, difficile à supporter par conséquent, tant pour les personnages que pour les lecteurs. Il s'agit du fils du juge Othon, que les parents ne peuvent pas veiller puisqu'ils suivent la quarantaine. Lecture. [...]
[...] Dans l'imaginaire collectif, la mort d'un enfant touche davantage que celle d'un adulte. C'est d'ailleurs une tradition dans la littérature que de mettre en scène la mort d'un enfant afin de toucher la sensibilité du lecteur, comme par exemple le Souvenir de la nuit du 4 de Hugo, dans Les Châtiments (1853). De plus, la mort de l'enfant innocent a toujours été une objection pour les adversaires de la foi en la Providence. Dans ce texte, il symbolise l'innocence, et, par là, tous les innocents n'ayant plus de noms désormais, la masse anonyme. [...]
[...] En outre, le narrateur omniscient utilise un vocabulaire se rapportant aux sens, et dénotant la souffrance qui envahit ce lieu: C'est à peine si on entendit Les mains ( ) remontèrent, grattèrent la couverture regarda cri protestation cri entendre dire d'une voix plainte crier exclamations plainte cri gémissaient de plus en plus fort marée de sanglots ferma les yeux cri plaintes Ce champ lexical des perceptions sensorielles rend compte de la souffrance physique éprouvée par les lépreux, et de la souffrance morale de ceux qui assistent à cette scène inhumaine, notamment celle de Rieux. Les malades luttent contre la mort. [...]
[...] II Une scène révoltante: L'enfant martyr: L'enfant est le véritable centre d'intérêt de ce texte: tout le monde l'observe et s'apitoie sur son sort. Le reste de la salle est considérée comme une masse toute aussi souffrante mais plongée dans l'anonymat: la plainte anonyme les malades les autres malades une marée de sanglots Véritable point de gravitation des regards des personnages et du narrateur omniscient, sa souffrance est ainsi mise en valeur. En fait, il apparaît comme le symbole de la douleur, de l'injustice vécue et subie par les Oranais. C'est l'enfant martyr. [...]
[...] Ils emplissent peu à peu l'espace; c'est là le dernier et le seul moyen de révolte de ces enfants; ils en sont d'autant plus émouvants. A cet égard, figure un important champ lexical du corps: yeux mains genoux jambes cuisses ventre yeux bouche serrait les dents genoux genoux bouche ouverte visage Ainsi, la souffrance défigure les corps des personnages. La multiplication de ces références aux corps des lépreux efface toute allusion d'ordre psychologique. La souffrance physique est telle que la dimension morale est passée sous silence. [...]
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