Commentaire complet de l'incipit de L'Etranger d'Albert Camus.
[...] Mais d'une intériorité particulière qui, si elle semble s'offrir totalement au lecteur sans faire la moindre impasse sur les actions vécues, n'en est pas moins problématique par sa neutralité évidente. Le lecteur se trouve alors face à un genre romanesque inhabituel, et perd rapidement ses repères. B Une rupture avec les codes traditionnels du roman L'absence frappante de descriptions Outre le style, la temporalité particuliers, la description est également source de malaise. Ou plutôt l'absence de descriptions. Cet incipit fait apparaître un certain nombre de personnages, dont aucun n'est décrit. [...]
[...] Mais non seulement les autres font preuve de sentiments qu'il ne dévoile pas, lui le premier concerné, mais encore ces effusions ont presque l'air de le gêner : Le constat de la peine de ses amis est si succinct qu'il semble étonné, la poignée de main l'embarrasse. Tout contact amical, qu'il soit de compassion circonstanciée ou amical (le sourire du militaire) est refusé, considéré comme gênant, voire impudique. Une expression réduite au minimum Enfin, c'est l'absence des modalisateurs qui surprend principalement le lecteur. [...]
[...] Une valeur annonciatrice Tous les éléments du procès qui seront utilisés contre Meursault se trouvent, finalement, concentrés dans cet incipit. La justification maladroite de l'internement de sa mère, la mécanisation des actions accomplies sous l'influence d'impressions et de sensations physiques (le sommeil dans le bus est causé par cette hâte, cette course ( ajouté aux cahots, à l'odeur d'essence, à la réverbération de la route et du ciel la chaleur il faisait très chaud qui accompagne tous les événement tragiques de la vie de Meursault, et en même temps ce malaise qui rend douteuses toutes les actions du personnage. [...]
[...] en somme, je n'avais pas a m'excuser ou encore pour le moment, c'est un peu comme si maman n'était pas morte La réflexion du narrateur consiste à trouver les raisons de l'attitude peu agréable du patron, qui viendrait du caractère non officiel du deuil qui disparaîtrait après l'enterrement : une affaire classée Le lecteur a du mal à suivre le raisonnement, et le paradoxe entre l'apaisement du patron et l'affaire classée de l'enterrement De la même manière, dans le dernier paragraphe : Elle aurait pleuré si on l'avait retirée de l'asile. Toujours à cause de l'habitude. C'est un peu pour cela que dans la dernière année je n'y suis presque plus allé Le pour cela est loin d'être évident : parce que sa mère est habituée ? [...]
[...] Les lieux ne sont pas davantage l'objet de description. Finalement, les actions n'en prennent que plus d'importance encore, puisque le récit tout entier se concentre sur leur enchaînement. Vers une complète objectivité L'étude des temps et des personnes du récit nous conduirait à parler en termes d'énonciation d'une focalisation interne (chaque événement est vu à travers les yeux du narrateur). Cependant, l'absence de description s'accompagne d'absence presque totale de subjectivité, d'implication personnelle de Meursault. Attention : il nous donne bien ses pensées, nous explique ses choix. [...]
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