Albert Camus, Caligula, empereur romain, Drusilla, Hélicon
Albert Camus (1913-1960) est un écrivain majeur de la première moitié du XXème siècle. Prix Nobel de littérature en 1957, il entreprend d'écrire Caligula en 1938. Mais la pièce n'est publiée pour la première fois qu'en 1944, alors que la Seconde Guerre mondiale s'achève. Elle s'inscrit dans la trilogie du « cycle de l'Absurde », à côté de son premier roman, L'Étranger (1942), et d'un essai philosophique Le Mythe de Sisyphe (1942). Dans ces trois œuvres, l'auteur tente de montrer la solitude de l'homme dans un monde privé de repères et de valeurs.
[...] Caligula, acte IV, scène - Albert Camus TEXTE Caligula, empereur romain dément et sanguinaire, est assassiné en 41 après Jésus Christ par une conjuration formée par les chefs de la noblesse et du sénat. Hélicon est son fidèle confident. Cet extrait est le dénouement. Il tourne sur lui-même, hagard, va vers le miroir. CALIGULA [ ] Des bruits d'armes C'est l'innocence qui prépare son triomphe. Que ne suis-je à leur place J'ai peur. Quel dégoût, après avoir méprisé les autres, de se sentir la même lâcheté dans l'âme. [...]
[...] HÉLICON [surgissant au fond] Garde-toi, Caïus Garde-toi Une main invisible poignarde Hélicon. Caligula se relève, prend un siège bas dans la main et approche du miroir en soufflant. Il s'observe, simule un bond en avant et, devant le mouvement symétrique de son double dans la glace, lance son siège à toute volée en hurlant : CALIGULA 25 À l'histoire, Caligula, à l'histoire. Le miroir se brise et, dans le même moment, par toutes les issues, entrent les conjurés en armes. [...]
[...] Malgré la cruauté du personnage, le spectateur-lecteur ne peut que compatir. Un être d'exception Dans sa longue tirade, Caligula fait un bilan de sa vie, souligné par l'emploi du passé composé [Je l'ai cherché, ligne 13 ; J'ai tendu, ligne 14 ; Je n'ai pas pris, ligne 15] et les références à des épisodes passés [la mort de Drusilla, la décision de se mettre en quête d'absolu Même le constat d'échec, suggéré par le registre polémique employé contre lui-même [Tout à l'air si compliqué. [...]
[...] Du reste, dans ses Carnets, Camus révèle un projet d'épilogue pour Caligula qui éclaire sur la portée qu'il souhaitait donner à cette œuvre : Non, Caligula n'est pas mort. Il est là, et là. Il est en chacun de vous. Si le pouvoir vous était donné, si vous aviez du cœur, si vous aimiez la vie, vous le verriez se déchaîner, ce monstre ou cet ange que vous portez en vous. Notre époque meurt d'avoir cru aux valeurs et que les choses pouvaient être belles et cesser d'être absurdes. Adieu, je rentre dans l'histoire où me tiennent enfermé depuis si longtemps ceux qui craignent de trop aimer. [...]
[...] Dans un dernier hoquet, Caligula, riant et ratant, hurle : 30 Je suis encore vivant RIDEAU Caïus : prénom romain, désignant en particulier Caligula. Albert Camus, Caligula, acte IV, scène ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Albert Camus [1913-1960] est un écrivain majeur de la première moitié du XXe siècle. Prix Nobel de littérature en 1957, il entreprend d'écrire Caligula en 1938. Mais la pièce n'est publiée pour la première fois qu'en 1944, alors que la Seconde Guerre mondiale s'achève. Elle s'inscrit dans la trilogie du cycle de l'Absurde à côté de son premier roman, L'Étranger [1942], et d'un essai philosophique Le Mythe de Sisyphe [1942]. [...]
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