Caligula acte II scène 10, Albert Camus 1945, commentaire de texte, anéantissement de Mereia, tyrannie, valeurs morales, vision de l'homme, sentiment du tragique
La scène est divisée en deux mouvements distincts. Premièrement, Caligula et les patriciens discutent de la crise économique ; Caligula fait savoir sa décision pour augmenter les rentrées d'argent. Deuxièmement, Caligula accuse Mereia de se défier de lui. Par ailleurs, Caligula lance les sujets de conversation : d'abord le sujet sur l'économie, et le besoin de faire entrer plus d'argent dans les caisses de l'État : "les recettes ne sont pas bonnes" ; puis il détourne la conversation sur la boisson de Mereia : "Que bois-tu Mereia ?"
[...] Le fait qu'il se reprenne « Je veux dire . Non » (épanorthose : fig de style qui consiste à revenir sur ce que l'on vient de dire) montre son trouble, son émoi devant le fait que Cg s'entête à l'accuser. – 7ème réplique (et dernière) : Mereia est interpellé par Cg sur son sens de la logique. Le début de son intervention est hésitante, il cherche le bon adjectif : « Elle est . elle est rigoureuse, Caius », pour ne pas déplaire à Cg, et alors qu'il sait que tout son raisonnement est faux, puisqu'il part d'un postulat erroné (Mereia prendrait du contre-poison pour contrer une tentative d'empoisonnement). [...]
[...] » : il lui demande de juger son discours → sadisme. Et comme on choisirait un objet insignifiant, il choisit, parmi les trois établis, le crime pour lequel Mereia paiera : « C'est pourquoi tu seras condamné pour ton second crime, et non pour les autres » : toute- puissance de Cg. B ) La violence physique : un meurtre bestial La violence de Cg ne passe pas qu'à travers le langage, il semble prendre également plaisir à assassiner. Le meurtre de Mereia est un moment d'une grande violence, d'une grande sauvagerie, qui met en scène d'un des aspects les plus sombres du tyran. [...]
[...] Dans cette scène, Cg serait l'incarnation de cette force supérieure, du destin, qui réduit à néant les autres ; il se comporte avec excès, comme un dieu tout puissant (hybris) : Mereia, tout comme les autres patriciens, sont des spectateurs horrifiés et impuissants : les uns « ont gagné le fond », ils se positionnent le plus loin possible ; un autre a « un air angoissé » (comme nous, spectateurs), et le « silence » s'est fait (=atmosphère lourde, pesante). Aucun n'interviendra pour tenter de s'interposer et de sauver Mereia. Sa mort était inéluctable. [...]
[...] Il cherche un appui. – 5ème réplique : exclamative : le nom de Cg, qui montre le désappointement, l'étonnement de Mereia, qui ne cherche plus à argumenter devant l'énormité des dires de Cg. On remarque que ses répliques deviennent de plus en plus réduites, comme si sa parole n'avait aucune importance, et qu'il était impossible de s'opposer à celle de Cg. – 6ème réplique : très hésitante ; il se trompe, ne sait que répondre. Sa première réponse « Oui » est sans doute un cri du cœur, l'expression de ce qu'il pense. [...]
[...] La 1ère phrase rappelle celle de Caesonia. La vie ou la mort sont équivalentes : formule d'égalité « revient au même ». La mort de Mereia est absurde, elle n'a servi à rien, elle n'avait pas lieu d'être ; mais, pense Cg, de toute façon, mourir est injuste, et nul ne peut échapper à cette injustice ; le temps accordé en plus ou en moins ne signifie en fait rien. Tout est vain, rien n'a d'importance, puisqu'on finit par mourir. [...]
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