Les cahiers de Douai, Rimbaud, Bal des pendus, danse burlesque, danse macabre, danseur, chosification, métamorphose, humour noir, cour des miracles, animation spectaculaire, peinture médiévale, burlesque, Villon, sarcasme, parodie
Le professeur de Rimbaud, Izambard, avait donné pour sujet de rédaction : « Lettre de Charles d'Orléans à Louis XI pour demander la grâce de Villon menacé de pendaison ». L'élève y assimilait les juges cruels à de noirs oiseaux et y défendait les humbles ainsi que les poètes.
Sans surprise, dans ces onze quatrains, en alexandrins à l'exception des octosyllabes de la première et de la dernière strophe, à rimes croisées, Rimbaud s'inspire de « La Ballade des pendus » du poète-voyou, à laquelle Théodore de Banville faisait déjà allusion dans sa pièce « Gringoire ». Dans le poème « Bûchers et tombeaux » (Émaux et camées, 1852), Gautier avait évoqué un « blanc squelette » qui « pousse à la danse macabre ». C'est que Rimbaud s'inscrit, lui aussi, dans cette tradition de la danse macabre, mais son « grand bal des squelettes » (v. 25) est une parodie, il adopte un ton sarcastique.
[...] Tout se passe comme si le gibet les avait contaminés : il est, en effet, lui-même comparé à un orgue de fer (v. 26). # Cette chosification est attendue dans la mesure où c'est la vie qui caractérise le mouvement, les choses demeurent immobiles. Les morts sont réduits à l'état de squelettes. Les os sont autant de traits qui peuvent composer les lignes d'un objet. L'évocation de la vie passée rend particulièrement saisissante cette transformation. Hier et aujourd'hui : une terrible métamorphose Le passé, qui coïncide avec la vie, est vu à la lumière du présent, la mort. [...]
[...] C'est le moyen de dire qu'il les met en mouvement, dans cette vision fantastique, alors que on peut n'y voir que l'action de bise [qui] siffle (v. 25). # Villon faisait simplement parler les pendus, Rimbaud les fait donc danser. La danse macabre Le cadre Pour qu'elle prenne un relief bien particulier, la danse a lieu dans un décor original. Le gibet noir , couleur de la mort, précise bien que les squelettes qui vont s'agiter sont ceux de marginaux peu recommandables. [...]
[...] Les preux chevaliers sont devenus des soldats fanfarons. CONCLUSION Villon avait écrit une ballade. Rimbaud décrit un bal en ne gardant de cette forme poétique qu'une une succession de strophes égales. Pas d'envoi chez lui, mais un dernier quatrain qui redouble le premier : la circularité du poème évoque une ronde. Rimbaud fait jouer le contraste entre le passé et le présent de personnages qui ont en commun avec lui (un peu) et avec Villon (surtout) d'être de mauvais garçons. [...]
[...] Les interventions du poète contribuent enfin à la dégradation burlesque. Par exemple, quand, sur le ton de la réprimande, il apostrophe les squelettes Ce n'est pas un moustier ici, les trépassés (v. 32). Il en va de même avec les cris qu'il pousse devant ce spectacle blasphématoire : l'exclamation Hurrah ! se fait entendre quand il est question du mugissement du gibet comparé à un orgue de fer (v. 26). La place de cet instrument qui sert à l'office est l'église. [...]
[...] Aucune vaillance mais de la délinquance. Ce sont des voyous qui ont été punis pour leurs crimes et leurs délits. Si ce sont des paladins , ce sont [l]es maigres paladins du diable (v. les agents du mal et Belzébuth est leur maître. Chez Villon les pendus imploraient la grâce de la Vierge Marie et l'absolution de Dieu. C'est pour cette raison qu'il est qualifié de Messire au vers 5. Celui-ci les maltraite : il les tire par la cravate (v. 5). [...]
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