Les cahiers de Douai, Sensation, Rimbaud, fantasme, poésie, sensualité, métamorphose
Le poème « Sensation » est un des premiers écrits du très jeune Rimbaud, âgé de 15 ans. Il est une des pièces (avec « Ophélie » et « Credo in unam », qui deviendra « Soleil et chair ») qui accompagne la lettre qu'il adresse au maître Théodore de Banville, le 24 mai 1870.
[...] Au picotement succède une autre sensation, plus agréable, « la fraîcheur » (v. 3), due à la rosée du soir. Elle a une valeur métaphorique : cette promenade a la fraîcheur de l'eau lustrale du baptême. Le poète est régénéré par la nature, il découvre une nouvelle vie. D'ailleurs, au vers suivant, le verbe « baigner » est clairement métaphorique et, de ce point de vue, il va dans le même sens. En effet, il ne s'agit plus de l'eau, mais d'un autre élément, l'air. Le verbe « laisser » implique une idée de passivité, d'abandon. [...]
[...] Cahier de Douai, Sensation - Arthur Rimbaud (1870) - En quoi ce poème a-t-il la dynamique du fantasme ? Le poème « Sensation » est un des premiers écrits du très jeune Rimbaud, âgé de 15 ans. Il est une des pièces (avec « Ophélie » et « Credo in unam », qui deviendra « Soleil et chair ») qui accompagne la lettre qu'il adresse au maître Théodore de Banville, le 24 mai 1870. Le poète en herbe ne pratique pas encore la rupture formelle : les deux quatrains sont composés d'alexandrins à rimes croisées, avec l'alternance attendue entre les rimes masculines et les rimes féminines. [...]
[...] Il en va de même chez Rimbaud, à cette différence près c'est le très jeune homme qui est dépouillé afin de vieillir de la façon qui lui convient. Il s'agit d'une nouvelle naissance. Les propositions indépendantes, qui occupent chaque hémistiche du vers 5 sont l'objet d'une négation totale3 : « Je ne parlerai pas, je ne penserai rien ». Il renonce au langage et à la pensée, les deux caractéristiques de l'espèce humaine pour fusionner avec la nature. Rimbaud est ici dans la continuité de Rousseau : « Le flux et le reflux de cette eau frappant sans relâche mon oreille et mes yeux suffisaient à me faire sentir avec plaisir mon existence, sans prendre la peine de penser. » (Les Rêveries du promeneur solitaire, Vème Promenade). [...]
[...] Ce n'est pas une observation, mais une vision. On passe du réel au surréel. La mention des « blés » (v. 2) introduit implicitement une seconde couleur, le jaune, un peu transformé toutefois par la prédominance du bleu. Le soir, les épis voient leur teinte se modifier quelque peu. Le paysage, réduit à l'essentiel, avec son bleu massif et sa légère touche de jaune, est bichromique. Rimbaud n'entend pas peindre un paysage en utilisant une palette variée. B ~ LE TOUCHER Mais le sens le plus sollicité est le toucher. [...]
[...] Elle prend la forme d'un mouvement intérieur, l'envahissement continu de l'adolescent par des stimulations extérieures. II ~ De la sensation à la sensualité A ~ LA VUE Le premier sens sollicité est la vue. Mais le regard est poétique. En effet, dans le premier hémistiche du premier vers, après l'expression d'une répétition (« les soirs »), une couleur surprenante apparaît, le bleu. Le ciel bleu est plutôt associé aux belles journées ensoleillées. Si, la nuit venant, le noir progressif peut contenir des nuances bleutées, le ciel ne saurait être qualifié de « bleu ». [...]
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