En 1947, paraît Si c'est un homme, premier livre de Primo Lévi, dans lequel il retrace son expérience en tant que juif déporté à Auschwitz. Reconnu tardivement, il est aujourd'hui l'un des chefs de file de la littéraire concentrationnaire. Ce passage, extrait du chapitre sept de l'œuvre, intitulé « Une bonne journée », semble placé sous le signe de l'optimisme : pour la première fois depuis longtemps, le soleil brille, si bien que les détenus ont un peu moins froid. Ils ont également la chance d'avoir un supplément de soupe, que l'un d'eux a volé. Cependant, ce titre apparaît comme problématique : dans quelle mesure est-il possible de passer une « bonne journée » dans cet enfer qu'est « la machine déshumanisante du lager » ?
[...] Ici, nous pouvons voir apparaître en filigrane la théorie d'Henri, évoquée aux pages 105 à 107 : Selon sa théorie, pour échapper à la destruction tout en restant digne du nom d'homme, il n'y a que trois méthodes possible : l'organisation, la pitié, et le vol. Cependant, ces détenus sont-ils encore des hommes aux yeux de Primo ? Il écrit à la page 130 : Les personnages de ce récit ne sont pas des hommes. Leur humanité est morte, ou eux-mêmes l'ont ensevelie sous l'offense subie ou infligée à autrui En outre, il ne s'agit pas ici de manger mais de faire le plein (l.79) ; à cet égard, le Kapo substitue le verbe manger au verbe bouffer : Wer hat noch zu fressen ? [...]
[...] Il avance ici l'idée qu'on ne peux les qualifier d'hommes, il ne peux y avoir d'hommes à proprement parler au camp, cette monstrueuse machine à fabriquer des bêtes (p.42). L'expression de faire le plein (l.79) peut être mise en opposition avec l'image de l'estomac creux de David (l.60). Ici, David porte en lui les stigmates de la faim, il illustre celui-là destruction du corps par le manque, le vide, jusqu'à l'épuisement définitif. La faim est ce qui creuse» les corps, elle dépossède les hommes de leur humanité et en fait des bêtes. [...]
[...] Aujourd'hui, c'est une bonne journée , affirme Primo Lévi dès la première ligne du passage étudié. Quelques pages plus tôt dans son œuvre, il explique : Aujourd'hui, pour la première fois, le soleil s'est levé vif et clair au-dessus de l'horizon de boue. (p. 76). En effet, si aujourd'hui est une bonne journée, c'est tout d'abord, car le printemps est enfin arrivé. Véritable bénédiction, il est la promesse d'un climat plus clément : les premières lueurs du soleil, qui apparaît dès la ligne éloigne la rigueur fatale de l'hiver polonais, ce froid évoqué ligne 15. [...]
[...] En effet, si dans l'imaginaire collectif, le printemps est synonyme de renouveau, voir de résurrection, c'est encore plus vrai au Lager. Pour Primo et ses camarades, le retour du soleil apparaît comme le signe que le pire est passé (p.77). En outre, par la répétition en anaphore à deux occurrences de l'adverbe Aujourd'hui (l.1 et l'auteur insiste sur l'aspect singulier, exemplaire de cette journée. Cependant, le froid est loin d'être le seul inconvénient de l'hiver polonais : au chapitre précédent, l'auteur évoque longuement la boue glacée, la neige, la pluie, le vent, mais aussi l'obscurité et le brouillard qui, liés à la rudesse de la vie et du travail au camp, apparaissent comme de véritables malédictions. [...]
[...] Si c'est un homme - Primo Lévi: dans quelle mesure est-il possible de passer une bonne journée dans cet enfer qu'est la machine déshumanisante du lager ? En 1947 paraît si c'est un homme, premier livre de Primo Lévi, dans lequel il retrace son expérience en tant que juif déporté à Auschwitz. Reconnu tardivement, il est aujourd'hui l'un des chefs de file de la littéraire concentrationnaire. Ce passage, extrait du chapitre sept de l'œuvre, intitulé Une bonne journée semble placé sous le signe de l'optimisme : pour la première fois depuis longtemps, le soleil brille, si bien que les détenus ont un peu moins froid. [...]
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