A partir du XXème siècle de nombreux auteurs tentent de se détacher du roman traditionnel afin de montrer la société moderne. Michel Butor en fait partie, puisqu'en 1956 il publie L'Emploi du temps, qui décrit la vie d'un narrateur/personnage français, Jacques Revel. Revel écrit donc son journal au jour le jour, depuis son arrivée dans un pays dont il ne connaît rien : la Grande-Bretagne. Il vient travailler dans la société Matthews and Sons qui se situe dans une ville fictive : Bleston. Il est chargé de correspondre avec la France. Il entreprend donc d'écrire son récit du premier mai au premier octobre. Il n'écrit que les jours ouvrables, ce qui entraine de nombreuses complications de compréhension et des retours en arrière que Butor utilise fréquemment. Si, au fil de son journal, Revel découvre les secrets des habitants et des lieux de la ville, il ressent une gêne qui l'oppresse de plus en plus, car Bleston semble résister à son investigation. Revel croit à plusieurs moments se perdre dans l'abîme de la ville, dans ses mystères encore incompris. Le mythe du labyrinthe se reproduit sur la ville de Bleston, en faisant une allégorie du dédale imaginaire dans lequel se perd Jacques Revel. Le roman s'avère donc être une recherche permanente de la sortie du dédale. Son journal pourrait s'apparenter au genre policier, car le narrateur/personnage cherche à résoudre un mystère. Il s'agit du deuxième roman de Michel Butor qui y propose différents niveaux temporels s'organisant en cinq parties dans le roman. Nous verrons donc au sein la cinquième partie intitulée "l'Adieu", le jeudi 4 septembre qui est un passage particulier dans le sens où Revel relit la journée du 3 juillet en s'adressant à la Bleston. Alors que la fin de son contrat chez Matthews and Sons approche, Revel cherche à garder le plus de souvenirs de la ville, et à comprendre le lien qui l'unit à Bleston. Il revient donc à ce passage une importance particulière qui conduira à se demander dans quelle mesure la ville de Bleston agit comme un exutoire du labyrinthe intérieur de Revel. Ainsi, il s'agira d'envisager Bleston comme un organisme vivant. Nous nous attarderons ensuite sur le dédale de l'écriture. Pour enfin percevoir Bleston comme exutoire du labyrinthe intérieur de Revel (...)
[...] La haine que Revel porte à la ville de Bleston semble dépassée. Le 4 septembre Revel passe d'ailleurs de l'utilisation de pronoms personnels pour qualifier Bleston à qui il s'adresse, à terrible ville je haïssais il s'agit d'un imparfait qui signe le fait que Revel a dépassé le stade de la haine. De plus, il dit vouloir accomplir sa part du pacte entre lui et la ville, celle-ci a donc déjà rempli son rôle. Revel se rend compte de ses lacunes, et comprend les conditions du pacte entre lui et Bleston. [...]
[...] Michel Butor en fait partie, puisqu'en 1956 il publie L'Emploi du temps, qui décrit la vie d'un narrateur/personnage français, Jacques Revel. Revel écrit donc son journal au jour le jour, depuis son arrivée dans un pays dont il ne connaît rien : la Grande-Bretagne. Il vient travailler dans la société Matthews and Sons qui se situe dans une ville fictive : Bleston. Il est chargé de correspondre avec la France. Il entreprend donc d'écrire son récit du premier mai au premier octobre. [...]
[...] S'il s'est perdu dans le labyrinthe de l'écriture, il tente de retrouver son chemin. En effet, la relecture de son journal fournit une issue à Revel, puisqu'il choisit lui-même d'apprendre à se repérer et à mieux connaître la ville, comme il l'écrit dans la page du 4 septembre. Ses relectures lui offrent également cette possibilité de lumière au bout du tunnel Revel relis son passé. Son écriture est un mur qui constitue son propre labyrinthe, un labyrinthe intérieur : Bleston dont j'étais séparé par un mur que tes propres coups, t'acharnant sur moi, ont fait s'écrouler. [...]
[...] Caïn est le fils aîné d'Adam et Ève, il est considéré comme le premier meurtrier de l'histoire car il a tué son frère cadet, Abel par jalousie. Bleston est ainsi la ville du meurtre. L'espace urbain se fait donc à l'image d'un texte car nous pouvons en tirer des pistes de lecture. Le texte en lui-même relève donc d'un dédale. Mais l'activité principale de Revel tout au long de son année à Bleston est de produire du texte grâce à l'écriture. Cela pose problème car il créerait lui-même son propre espace labyrinthique à l'intérieur même du dédale de Bleston. [...]
[...] De plus, Revel ajoute à la monstruosité de Bleston en la comparant à un organisme qui parasite l'homme. Jacques Revel est donc d'une part retenu par cette ville labyrinthique dont il ne voit pas les frontières : parce que tes limites sont trop imprécises mais il est d'autre part comme souillé par elle qui semble le contaminer. La rivière nommée la Slee qu'il rencontre lors d'une de ses premières expéditions dans la ville a une eau sombre de laquelle se dégage une odeur que Revel qualifie de macabre Cette odeur semble se répandre dans toute la ville tout au long du roman. [...]
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