Britannicus, V6, Racine, Agrippine, Néron
Par cette pièce, Racine a voulu faire taire les critiques qui limitaient son talent à des sujets amoureux, et lui opposaient Corneille comme peintre de la vérité historique. La pièce fut représentée le 13 décembre 1669 et, accueillie d'abord tièdement, s'imposa avec succès l'année suivante. Si Andromaque se fondait sur la mythologie grecque, Britannicus est inspiré par l'histoire romaine. L'auteur classique, nourri de culture antique lors de ses études à Port-Royal, utilise la figure du jeune Britannicus pour mettre en lumière la cruauté de Néron et les conflits d'intérêt qui animent son règne. Ces conflits sont particulièrement intenses entre Néron et Agrippine, sa mère. En effet, alors que celle-ci a aidé son fils à accéder au trône afin de régner en son nom, le jeune empereur rejette cette tutelle. De ce fait, Agrippine menace de s'allier à Britannicus, l'héritier légitime du pouvoir. La tension s'accroissant, Néron, profondément jaloux du jeune homme, ordonne son empoisonnement. Le passage étudié, une tirade d' Agrippine située à la scène 6 de l'acte V, intervient juste après l'annonce du meurtre de Britannicus faite par Burrhus à Agrippine et à Junie.
[...] Le substantif coups confère un aspect très violent aux actes de Néron. Il s'agit peut-être de l'annonce de l'accroissement, somme toute vrai sur le plan historique, de la violence du jeune empereur. Le parallélisme entre les syntagmes nominaux ton frère et ta mère placés à la rime, indique sans doute que les deux personnages subiront le même sort. -En plus d'être une prophétesse, Agrippine fait montre de sa lucidité en affirmant qu'elle sait ce que ressent Néron. On peut penser aux analyses psychanalytiques du théâtre racinien qui ont été réalisées par Charles Mauron. [...]
[...] D'autre part, il renvoie sur le plan historique aux Barbares, tribus opposées aux Romains qui réprouvaient notamment leurs mœurs cruelles. Agrippine insiste donc fortement sur la monstruosité de son fils. De plus, ce terme rime avec furies et les furies sont des divinités incontrôlables : les barbaries de Néron le sont-elles également ? Sa fureur le rapproche des furies et est synonyme de folie, ce à quoi elle renvoie étymologiquement. Agrippine fait ensuite la peinture d'une montée de la violence. [...]
[...] Si Andromaque se fondait sur la mythologie grecque, Britannicus est inspiré par l'histoire romaine. L'auteur classique, nourri de culture antique lors de ses études à Port-Royal, utilise la figure du jeune Britannicus pour mettre en lumière la cruauté de Néron et les conflits d'intérêt qui animent son règne. Ces conflits sont particulièrement intenses entre Néron et Agrippine, sa mère. En effet, alors que celle-ci a aidé son fils à accéder au trône afin de régner en son nom, le jeune empereur rejette cette tutelle. [...]
[...] -Le substantif remords apparaît dans le cadre d'une nouvelle prédiction. Il s'agit encore d'un moyen pour effrayer Néron tout comme le recours à l'image des furies (les furies apparaissent d'ailleurs dans nombre de pièces contemporaines telles que Les mouches de Sartre ou Antigone d' Anouilh, ce qui montre à quel point leur cruauté a pu marquer l'imaginaire collectif). Agrippine tente de susciter la peur. C'est une véritable manipulatrice qui conjugue les reproches et les prophéties effrayantes. -Elle décrit l'impossibilité d'un futur paisible comme le prouve le verbe croire qui implique la non réalisation de la pensée : Néron croira les calmer or il ne pourra pas. [...]
[...] D'ailleurs, le terme rime avec sinistres ce qui est très révélateur d'un point de vue sémantique. -Le vers suivant comporte une première allusion à l'avenir par le biais de l'utilisation du futur proche, constitué par le verbe aller utilisé en tant qu'auxiliaire et de l'infinitif du verbe signaler Le complément d'agent est antéposé et une diérèse porte sur l'adjectif qualificatif «glorieux ce qui souligne l'ironie du propos. Il s'agit, en effet, d'une allusion au vil meurtre de Britannicus (Néron ne l'a même pas tué lui-même, il l'a fait empoisonné). [...]
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