Lorsque Racine représente Britannicus en 1669, le succès qu'il avait pu recevoir d'Andromaque ne se renouvelle pas, et pour cause, le personnage de Néron déçoit les foules. L'extrait qu'il nous faut commenter présente le personnage de Néron : il était, en effet, déjà apparu plus tôt, mais Racine ne lui avait donné qu'un rôle de soliloque. Le spectateur découvre ainsi le véritable visage de Néron, qui ne correspond nullement à l'image qu'il s'en était faite. Le personnage présenté apparaît effectivement comme faible et paradoxal en tous points. En ce sens, cette scène s'inscrit dans le cadre d'une double révélation : à la fois celle de Néron, l'empereur puissant qui s'avère faible ; et celle de Narcisse, le confident de Britannicus qui s'avère être un traître. De ce fait, deux idées majeures semblent se dégager de cet extrait : le pouvoir, que semble représenter et défendre Narcisse ; et l'amour, sur lequel s'attarde Néron
[...] Dans une scène de confident canonique, ce dernier est supposé être là pour écouter et conseiller : c'est là que s'affirme son rôle de confident. Or, dans cet extrait, on s'aperçoit que ni l'un ni l'autre des personnages ne semble décidé à écouter l'autre parler. Nous avons, en réalité, à faire à un dialogue de sourds, ce qui déroge complètement à la tradition de la scène du confident. En effet, le dialogue étant informatif, chacun raconte l'information qu'il souhaite divulguer à l'autre, sans avoir de réel écho, et ainsi, sans réellement s'écouter. [...]
[...] Une fois de plus, Narcisse est centré sur la vision du pouvoir, tandis que Néron l'est sur celle de l'amour, ce qui tend, une fois encore, à démontrer la relation antithétique qui lie ces deux protagonistes. La structure du texte elle-même laisse entrevoir une opposition entre Néron et Narcisse. Chacun des deux personnages semble parler seul, du sujet qui l'intéresse. Néron parle en effet principalement au passé. Lorsqu'il parle au présent, c'est pour s'adresser à Narcisse, qui semble ne pas l'écouter : Narcisse, qu'en dis-tu ? (v. 37) ; ou bien pour évoquer l'effet que lui a provoquée la beauté de Junie : J'aime, que dis-je, aimer ? J'idolâtre Junie ! (v. 12). [...]
[...] En effet, l'autonomie même du passage permet d'entrevoir cette opposition entre les deux protagonistes : Narcisse ouvre en effet le passage en affirmant que Néron a le pouvoir sur les Romains : Grâce aux dieux, Seigneur, Junie entre vos mains/ vous assure aujourd'hui du reste des Romains. (v. : il met ainsi l'accent sur un aspect politique, d'affirmation du pouvoir et de la puissance de Néron ; au contraire, Néron affirme lui-même, à la fin de l'extrait, avoir le pouvoir sur les Romaines : tandis qu'il n'est point de Romaine/ que mon amour n'honore et ne rend plus vaine, [ ] (v. [...]
[...] Britannicus, Acte II, scène 2 - Racine : de "Grâces aux dieux, Seigneur, Junie entre vos mains / Vous assure aujourd'hui du reste des Romains" à "Si César est aimable ou bien s'il sait aimer Lorsque Racine représente Britannicus en 1669, le succès qu'il avait pu recevoir d'Andromaque ne se renouvelle pas, et pour cause, le personnage de Néron déçoit les foules. L'extrait qu'il nous faut commenter présente le personnage de Néron : il était, en effet, déjà apparu plus tôt, mais Racine ne lui avait donné qu'un rôle de soliloque. [...]
[...] On peut par exemple noter les embrayeurs : chez Néron, la première personne est assez récurrente. Toutefois, la troisième personne s'avère l'être également, et souvent accolé, ou peu éloigné de la première personne : Elle m'est apparue [ ] (v. ce qui peut laisser présupposer que Néron cherche à les rassembler tous deux au travers de la syntaxe. La syntaxe trahirait donc son amour pour Junie. Ainsi, tout semble marquer une opposition totale, voire radicale, entre ces deux protagonistes que sont Narcisse et Néron. [...]
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