"Brise marine" est un poème de jeunesse : Stéphane Mallarmé l'écrit en 1865 alors qu'il n'a que vingt-trois ans. Ce poème témoigne des difficultés et des aspirations de l'écrivain à cette époque. Mallarmé n'est pas satisfait de son métier de professeur et la vie familiale lui laisse parfois une impression d'enfermement.
Par ailleurs, sur le plan artistique, Mallarmé connaît les affres de la création, évoquées dans son célèbre poème, L'Azur. Il a en effet entrepris d'écrire Hérodiade, œuvre idéale qui doit renoncer à nommer les choses et entreprendre de les suggérer par l'évocation des sensations et des idées qui s'y rapportent. Mais cette œuvre parfaite sera inaccessible puisque Mallarmé ne l'achèvera jamais.
[...] Les sonorités graves de ce vers (voyelles nasales : "mon" ; "entends", "le chant") mêlent ferveur et tristesse dans cette ultime évocation. Conclusion Brise marine témoigne d'abord d'un besoin d'échapper à l'univers en retrouvant une vie authentique dans une "exotique nature". Mallarmé rejoint en cela la tradition romantique et la rêverie baudelairienne. Mais le poème possède aussi une signification plus précise, plus personnelle. Le poète, qu'un excès de culture et d'intellectualisme rend parfois stérile, cherche une nouvelle inspiration dans un contact avec une vie élémentaire où l'instinct et les sensations se substituent à l'intelligence. [...]
[...] Ni le décor familier (v. ni le travail poétique (v. n'ont donc pu retenir le poète. Le vers 8 : "Et ni la jeune femme allaitant son enfant" souligne (négation renforcée par la conjonction la détermination du poète : sa jeune femme et son enfant eux-mêmes ne peuvent le faire renoncer au départ. Vers 9-10. La décision du poète s'affirme dans les deux vers suivants : "Je partirai ! Steamer balançant ta mâture, Lêve l'ancre pour une exotique nature L'affirmation partirai") est énergique, comme l'indiquent la valeur du futur et la position détachée du verbe en début de vers. [...]
[...] Le rythme saccadé du premier hémistiche : "Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres" 6 Exprime la violence de ce désir. L'adverbe "là-bas" ne désigne pas une contrée précise mais s'oppose à l'ici, c'est-à-dire à l'univers quotidien qui emprisonne le poète. L'évocation de l'ailleurs ("là-bas") débouche sur une nouvelle manière d'appréhender le réel. A la connaissance intellectuelle procurée par les livres, Mallarmé oppose ici une perception sensible de la réalité : "je sens que . [...]
[...] Mais cette œuvre parfaite sera inaccessible puisque Mallarmé ne l'achèvera jamais. Brise marine exprime un double désir : d'abord, la nécessité d'un changement d'existence, un besoin d'évasion pour échapper au quotidien; ensuite, une volonté passagère de retourner à une poésie moins difficile. Mouvement du texte Les trois premiers vers présentent le thème du poème : la lassitude devant l'existence et l'attrait de l'évasion. Les cinq vers suivants (v. examinent, pour mieux les rejeter, les raisons qui pourraient contrarier cette évasion, ce départ. [...]
[...] "Les cruels espoirs" (v. 11) semblent évoquer les possibilités entrevues mais toujours déçues de réaliser le pur chef-d'œuvre poétique. Vers 13 à 15. ces vers offrent un renversement de perspective. Le voyage symbolise maintenant une peur devant l'inconnu et une mort possible : peut-être, les mâts, invitant les orages, Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots . " L'éventualité d'un naufrage, suggérée par l'adverbe "peut-être", prend toute sa force avec la rime "orages"/"naufrages" et le rythme saccadé du vers 15 : la précipitation du débit, la reprise des tours négatifs "sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots", rendent sensible l'affolement du naufragé en détresse qui n'a même plus l'espoir d'échouer sur une île salvatrice ("fertiles îlots"). [...]
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