La braise et l'humus, Gaston Miron, Québec, poème, L'homme rapaillé
Gaston Miron est le poète québecois le plus connu et reconnu internationalement ; notamment grâce au fait que le travail d'écriture est indissociable pour lui de l'engagement militant, tout en entretenant des rapports conflictuels.
L'homme rapaillé est l'œuvre de sa vie, qu'il n'aura de cesse de remanier au fil des ans.
[...] Cette différence minoritaire est associée à un sentiment d'infériorité que l'on retrouve dans le texte et dans le titre même ; ainsi que dans toute l'œuvre de Miron. III. Infériorité et langue De la différence minoritaire résulte l'infériorité, propre aux francophones du Canada, augmentée par le sentiment d'humiliation face à la majorité anglophone. Cette différence linguistique, mais pas seulement, est concrètement visible et marquée je suis taché de mon amour V4 et signifie une désignation, donc une mise à l'écart de cette minorité. [...]
[...] La braise et l'humus - Gaston Miron Introduction. Gaston Miron est le poète Québécois le plus connu et reconnu internationalement ; notamment grâce au fait que le travail d'écriture est indissociable pour lui de l'engagement militant, tout en entretenant des rapports conflictuels. L'homme rapaillé est l'œuvre de sa vie, qu'il n'aura de cesse de remanier au fil des ans. Mêlant poésie et texte en prose militant pour la langue et la culture québécoise, le recueil montre que, pour Miron, l'écriture est en soi un acte engagé ; conclusion qui résulte de ses propres expériences d'homme politique et de poète. [...]
[...] Il pourra ainsi relire le poème et l'œuvre de Miron dans son ensemble et découvrir que sous ce je lyrique se cache le nous, locuteurs francophones, Québécois de langue et de culture, unies sous l'impulsion individuelle du poète. Le lecteur retrouvera vers 13 dans cet homme au galop d'âme et de poitrine l'idée du cheval, du joual son dialecte pour lequel il se querelle avec d'autres francophones et comprendra que ces différences unifient plus qu'elles ne divisent. Conclusion Ainsi, malgré un aspect négatif et inéluctable du constat de défaite dans ce texte, la lutte est plus que jamais engagée puisqu'elle réside dans la prise de conscience de collective de cette défaite qui tend paradoxalement à unifier. [...]
[...] Le constat de défaite qui ressort du texte s'articule autour des notions d'infériorité et d'isolement statique, elles-mêmes permutables, l'une entraînant l'autre infiniment, comme l'illustre le début du poème qui commence par Rien n'est changé C'est une impression de champ de bataille qui semble surgir du texte, de par le vocabulaire utilisé : les champs de tourmente V.11 ; Les mots corbeaux V.17 faisant allusion aux oiseaux charognards venant harceler les cadavres ; la répétition du verbe mourir V et 18. La douleur se fait ressentir physiquement par le poète qui fait appel à ses sens et au langage du corps : taché de sang V.3 ; les têtes flambées de ma tête V.16 ; mon cœur obus V.11. Instrument de combat, corps et blessures semblent ainsi mêlés. Outre la souffrance physique, c'est la douleur morale qui est également exprimée physiquement : Je suis malheureux plein ma carrure V.7 ; ce bœuf de douleurs qui souffle dans mes côtes V.9. [...]
[...] Puis l'on passe d'un point de vue textuel, de formes singulières un goût, la rage à une multitude de pluriels en fin de poème les eaux mortes, les têtes flambées, les corbeaux Passant ainsi de l'expérience individuelle à collective, le point de changement se fait lors de la répétition démonstrative de la troisième strophe c'est moi, c'est mon cœur, c'est ma langue, c'est moi L'effet est saisissant, comme si le poète montrait du doigt ce qui lui est intérieur et propre, comme si l'universalité de ce qui l'entoure définissait son individualité. Après ce passage, le je est implicitement devenu un nous. Il reste cependant au singulier pour mieux souligner l'aspect minoritaire des francophones. [...]
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