Boule de suif, Maupassant, réalisme, prostitution, portrait, narrateur
Boule de suif est la nouvelle qui lance Maupassant. Avec la guerre de 1870, le « taureau normand » (P. Morand) a découvert un monde lamentable qu'il retranscrit dans son oeuvre. La nouvelle, rédigée en 1879 et publiée en 1880 (16 avril), est qualifiée de chef-d'oeuvre par Flaubert, son maître, par ailleurs ami de la famille. Elle appartient aux Soirées de Médan, recueil collectif où figurent Zola, bien sûr, et, entre autres, Huysmans. En écrivain réaliste, Maupassant observe la société, et en particulier le monde de la prostitution (voir la Maison Tellier, Mademoiselle Fifi).
[...] II - LES PROPOS MÉPRISANTS DES AUTRES FEMMES Dans la phrase le passif (« fut reconnue ») présente Boule de suif comme l'objet du regard des autres femmes. La proposition principale indique la conséquence de cette reconnaissance : les propos échangés à voix basse (« chuchotements », « furent chuchotés »). Le narrateur prend le soin de qualifier les autres voyageuses de « femmes honnêtes » pour expliquer leur comportement. Du haut de leur bonne réputation elles se plaisent à flétrir celle qui en a une mauvaise. On note le crescendo : d'abord un mot presque neutre « prostituée » puis un jugement fort, « honte publique ». L'oxymore « chuchotés si haut » donne une idée de l'indignation des voyageuses. [...]
[...] L'adjectif « appétissante » la présente comme toujours prête à la consommation. Après ces caractéristiques corporelles, la longue phrase 3 s'attarde sur le visage. Une double image végétale (« pomme rouge », « pivoine ») met l'accent sur la carnation rubiconde du personnage. La description du visage se fait à l'aide d'adjectifs mélioratifs : « magnifiques » pour les yeux et « charmante » pour la bouche, premier élément d'un groupe ternaire. Le choix du mot « quenottes » pour les dents permet d'indiquer leur petitesse (précisée par l'adjectif « microscopique ») et leur joliesse. [...]
[...] 4 Elle était de plus, disait-on, pleine de qualités inappréciables. 5 Aussitôt qu'elle fut reconnue, des chuchotements coururent parmi les femmes honnêtes, et les mots de « prostituée », de « honte publique » furent chuchotés si haut qu'elle leva la tête Alors elle promena sur ses voisins un regard tellement provocant et hardi qu'un grand silence aussitôt régna, et tout le monde baissa les yeux à l'exception de Loiseau, qui la guettait d'un air émoustillé. 7 Mais bientôt la conversation reprit entre les trois dames, que la présence de cette fille avait rendues subitement amies, presque intimes Elles devaient faire, leur semblait-il, comme un faisceau de leurs dignités d'épouses en face de cette vendue sans vergogne ; car l'amour légal le prend toujours de haut avec son libre confrère. [...]
[...] Boule de Suif - Guy de Maupassant (1880) - Portrait de Boule de suif Boule de suif est la nouvelle qui lance Maupassant. Avec la guerre de 1870, le « taureau normand » (P. Morand) a découvert un monde lamentable qu'il retranscrit dans son ?uvre. La nouvelle, rédigée en 1879 et publiée en 1880 (16 avril), est qualifiée de chef-d'?uvre par Flaubert, son maître, par ailleurs ami de la famille. Elle appartient aux Soirées de Médan, recueil collectif où figurent Zola, bien sûr, et, entre autres, Huysmans. [...]
[...] Elle s'appelle Élisabeth Rousset. C'est une caractéristique physique (l'« embonpoint ») qui le justifie. Le rythme ternaire (« petite, ronde, [?] grasse »), les précisions (« de partout », « lard », phrase viennent corriger ce qu'édulcorait l'adjectif « galante » : le physique est disgracieux et vulgaire. Le nom « lard » est suivi d'une comparaison « chapelets de courtes saucisses » qui introduisent le burlesque. De façon révélatrice, dans une lettre à son ami Robert Pinchon (La Toque), du 2 mars 1877, annonçant qu'il a contracté la syphilis, Maupassant écrit : « l'élégante syphilis dont l'étymologie est : Sus - Cochon - et phileo. [...]
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