C'est sur la solitude de l'héroïne que Maupassant insiste dans l'excipit. La scène se passe dans une diligence, espace clos qui contraint les voyageurs, malgré leurs différences sociales, à la promiscuité. Se trouvent dans la diligence plusieurs « couples » : le comte et la comtesse de Bréville, des nobles normands, les Carré-Lamadon, des grands bourgeois, les Loiseau, des commerçants, deux religieuses, et deux individus marginaux (...)
[...] Il apparaît en effet comme le vengeur de Boule de Suif. Lui qui avait dénoncé l'action des autres voyageurs comme une infamie se met à siffloter, devant des aristocrates et des bourgeois, le chant révolutionnaire de La Marseillaise. Ce chant populaire rend ses voisins nerveux las exaspérés Dans l'espace confiné de la diligence, lors d'un long trajet, pendant les longues heures mornes du voyage ce sifflement devient une vengeance monotone mais efficace, car les voyageurs sont comparés à des chiens qui entendent un orgue de barbarie Il faut noter cependant que Cornudet, pas plus que les autres, ne s'adresse à Boule de Suif, ne lui témoigne son soutien, ni ne lui offre de la nourriture : Cornudet digèr[e] ses œufs alors qu'elle a le ventre vide. [...]
[...] Maupassant, Boule de suif, excipit. De Personne ne la regardait à la fin. Texte étudié Personne ne la regardait, ne songeait à elle. Elle se sentait noyée dans le mépris de ces gredins honnête qui l'avaient sacrifiée d'abord, rejetée ensuite, comme une chose malpropre et inutile. Alors elle songea à son grand panier tout plein de bonnes choses qu'ils avaient goulûment dévorées, à ses deux poulets luisants de gelée, à ses pâtés, à ses poires, à ses quatre bouteilles de bordeaux ; et sa fureur tombant soudain comme une corde trop tendue qui casse, elle se sentit prête à pleurer. [...]
[...] Introduction Au XIXème siècle, Zola réunit autour de lui les auteurs qui partagent sa vision de la littérature dans sa maison de Médan. Ces rencontres trouveront un aboutissement littéraire avec Les soirées de Médan, recueil de nouvelles paru en 1880. Cinq auteurs ont traité dans une nouvelle le thème de la guerre de 1870, en s'efforçant d'appliquer les principes naturalistes. Parmi eux, Maupassant a écrit Boule de Suif, qui est très vite considéré comme un chef d'œuvre, notamment par Flaubert, autre maître de Maupassant, qui l'a guidé sur la voie du réalisme. [...]
[...] Maupassant clôt sa nouvelle Boule de Suif sur le personnage éponyme, malheureux et en pleurs au milieu d'une compagnie hostile. Le dernier mot du texte est ténèbres ce qui montre bien le caractère lugubre de ce voyage. Le choix du lieu, la diligence, répond à une autre motivation que le réalisme : l'auteur veut montrer au lecteur les réactions des personnages dans une scène similaire à celle du début de la nouvelle, afin de faire une satire de la société. [...]
[...] Ni les classes dominantes, ni le clergé, ni même le révolutionnaire ne sont montrés sous un bon jour : tous ont conspiré à la chute de Boule de Suif, par égoïsme ou par lâcheté, et tous à la fin se révèlent hypocrites, indifférents, méprisants et méprisables. Le portrait de la société dressé par Maupassant est très pessimiste : malgré son sacrifice, Boule de Suif est toujours rejetée par les gens dits respectables, qui ne sont pas capables de se remettre en question et d'évoluer, quelles que soient les circonstances. [...]
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