Dans la première partie du XXème siècle, influencé par le mouvement existentialiste selon lequel l'homme serait le seul responsable de ses propres actes, Boris Vian publie Chansons et Poèmes. Très critiquée de son vivant, son oeuvre littéraire est très appréciée par la génération des années 60 et est désormais devenue un classique de la littérature française. C'est dans ce recueil qu'il écrit le poème dramatique "L'évadé", ou l'histoire d'un homme avide de liberté.
Je montrerai dans un premier temps la fuite de l'évadé puis je m'attacherai à la manière dont Boris Vian raconte la vie éphémère de celui-ci.
L'auteur du poème raconte la tentative d'évasion d'un prisonnier. Il parle d'abord de la prison en elle-même, puis de la course de l'évadé et enfin la froideur et le calme des gardiens.
Dans ce poème, le cadre est simple, ce qui donne l'impression que cette prison représente toutes les prisons. Ainsi, les éléments du décor sont nommés mais pas décrits : la colline, la rivière, les arbres, la prison (synecdoque : elle est décrite seulement par les murs « les quatre murs », v3). Il en est de même pour les personnages qui ne sont évoqués que par des pronoms personnels à la troisième personne. (...)
[...] L'auteur du poème raconte la tentative d'évasion d'un prisonnier. Il parle d'abord de la prison en elle-même, puis de la course de l'évadé et enfin la froideur et le calme des gardiens. Dans ce poème, le cadre est simple, ce qui donne l'impression que cette prison représente toutes les prisons. Ainsi, les éléments du décor sont nommés mais pas décrits : la colline, la rivière, les arbres, la prison (synecdoque : elle est décrite seulement par les murs les quatre murs v3). [...]
[...] Ensuite, cette évasion est une course contre la montre. La répétition du vers Pourvu qu'ils me laissent le temps se fait à des intervalles de plus en plus courts, faisant penser à la fin d'un compte-à-rebours avant sa mort. La monotonie de la construction des vers symbolise le rythme effréné de la course, et l'accumulation des verbes d'action dévaler sauter courir ) se fait de plus en plus sentir vers la fin du poème. L'évadé est aussi essoufflé : Boris Vian compare son corps à une forge au vers 6. [...]
[...] Dans ce poème, il n'y a aucune individualisation : c'est un allégorie de la vie. C'est par ailleurs ce que suggèrent les quatre derniers vers : Le temps de rire aux assassins Le temps d'atteindre l'autre rive Le temps de courir vers la femme Il avait eu le temps de vivre. La fuite de l'évadé est le symbole de la vie humaine : l'intensité est nécessaire pour profiter de chaque moment. Le paysage participe aussi à exhiber ces valeurs : les feuilles gorgées de soleil ou encore l'eau qu'il boit sont autant de d'images exprimant son désir de vivre et de profiter de ses derniers moments de vie. [...]
[...] La mort nous apparait ici comme inéluctable. Le prisonnier est angoissé (répétition du vers Pourvu qu'ils me laissent le temps de plus en plus fréquemment) car il sait que, quoiqu'il fasse, la mort le rattrapera. Il lui restait un objectif à atteindre : courir vers la femme v31. Il est donc mort prématurément, sans avoir revu cette femme. Boris Vian rend cette mort prématurée plus douce avec l'euphémisme de l'« abeille chaude Enfin, l'eau et le sang se mêlent symboliquement, ce qui rappelle la célèbre formule rituelle du mercredi des cendres : Souviens-toi que tu es né poussière et que tu redeviendras poussière Enfin, le thème principal de ce poème est la liberté. [...]
[...] Sur ce, le Loup répond : Il importe si bien, que de tous vos repas Je ne veux en aucune sorte, Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. Le poème de Boris Vian est donc une sorte d'allégorie de la vie : brève, inachevée, et pourtant l'homme possède cet avide besoin de vivre et d'être libre. Ce poème est donc d'inspiration autobiographique, puisque Boris Vian, malade, savait qu'il était condamné et voulait, comme cet évadé, vivre intensément. L'auteur fait référence à l'existentialisme dans les années 1950 : la volonté de vivre simplement, libre et avec passion, sans dieu ni destin. [...]
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