Sciences humaines et arts, Boris Godounov p.88-90, Alexandre Pouchkine (1831), didascalie d'entrée, didascalie de sortie, Otrépiev, tsarévitch Dimitri, scène d'injustice, témoignage historique, orthodoxie, boyards
Cette scène se construit en trois temps, mis en évidence par les didascalies d'entrée et de sortie de scène. Tout d'abord le peuple dans la rue parle de ce qui se passe dans la cathédrale (malédictions contre Otrépiev et affirmation que le tsarévitch est mort) et affiche son indignation : une croyance irrationnelle en l'existence du vrai Dimitri. Deuxièmement on a l'entrée de l'Innocent, une scène d'injustice avec les enfants qui le malmènent et lui volent son argent.
[...] Avec sa voix de ténor aux accents déchirants, il vient accompagner de ses chants prophétiques les grandes scènes populaires où les hommes, perdant toute raison, sombrent sans résistance dans les abîmes de leurs passions. C'est lui qui aura le dernier mot, l'opéra s'achevant avec sa vision angoissée du peuple russe affamé. [...]
[...] Alors que l'Eglise orthodoxe maudit Otrépiev (« anathème »), l'Usurpateur menaçant le tsar sous le nom de Dimitri, le peuple, lui, maudit les paroles du diacre lui- même et voue une profonde vénération pour celui qu'ils considèrent comme Dimitri, ignorant volontairement ou non le nom d'Otrépiev mentionné : « Qu'ils le maudissent tant qu'ils veulent : le tsarévitch n'a rien à faire d'Otrépiev. » II- L'Innocent ou la géniale invention d'un personnage issu de la tradition orthodoxe pour servir la fiction Le portrait physique et moral du fol-en-christ (un témoignage historique) L'Innocent = un « fol-en-christ » (dans la tradition religieuse orthodoxe, = hommes qui feignent la folie : simulation. Ils revêtent le masque de la déraison. [...]
[...] - Les fols-en-christ ont souvent le titre de « bienheureux », or la vieille dame le nomme en effet ainsi.- Pouchkine était particulièrement satisfait de ce personnage inspiré de la tradition des fols-en-christ qui, dans un esprit d'humilité, abdiquaient toute flagellation. - Nikolka porte un casque de fer + « bardé de disciplines » fouets). - = Vénérés come des prophètes. Profond respect de la part du peuple, ce qui n'exclut évidemment pas des cas de moqueries, notamment de la part des enfants. [...]
[...] de viande crue, en plein Carême. Le tsar refusa en « bon » chrétien mais saint Nikita lui dit « toi tu manges de la chair humaine ». III- Une critique virulente du pouvoir impérial par Pouchkine L'hypocrisie évidente de l'Eglise orthodoxe et des boyards - L'Eglise orthodoxe se met aveuglément au service du tsar : ils chantent la mémoire éternelle du tsarévitch devant Boris alors que lui-même l'a assassiné. - Les boyards insultent l'Innocent et ordonnent qu'on l'arrête alors qu'ils se doutent bien de la vérité : ils ne veulent pas non plus de Boris pour tsar et n'affichent cette fausse loyauté que parce qu'ils craignent Boris, hypocrisie pour garder leurs richesses et leur tête La peur du tsar devant son peuple est clairement manifeste - « Le tsar, il sortira bientôt de la cathédrale, le tsar ? [...]
[...] Seul lui pouvait se permettre une telle provocation. Ce personnage, en plus d'être un fin détail de l'Histoire telle que la décrivait Karamzine (historien dont Pouchkine s'est inspiré), permet également de servir la fiction car la sourde accusation du peuple est ici verbalisée. - Comparaison de Boris avec le roi Hérode, meurtrier de ses propres enfants pour rester au pouvoir. = redoublement de la dénonciation, confirmation fortement dramatisée. Dichotomie entre Boris et L'Innocent, comme son nom même l'indique : d'un côté le tyran sanguinaire, de l'autre le double de Jésus crucifié, càd la victime sacrifiée, le tsarévitch Dimitri. [...]
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