Boris Godounov p.68-79, Alexandre Pouchkine (1831), scène mineure, dialogue nocturne, Grigori, illusion, jeux de masques, Dimitri et Marina, vacuité, héroïsme négatif, antihéros romantique
Il s'agit d'une scène mineure, éloignée de l'intrigue principale. Dimitri ne progresse pas ici dans ses projets, ne change pas de lieu et n'a plus besoin de convaincre personne de se rallier à lui. Le dialogue nocturne entre l'usurpateur et Marina n'apporte rien à l'action, mai qui permet cependant de découvrir un autre aspect de l'usurpateur (Grigori, le faux Dimitri) : la sincérité de son amour pour Marina.
[...] Si le faux Dimitri apparaît d'abord comme le porteur des valeurs romantiques qui définissent traditionnellement l'héroïsme en cette première moitié du XIXe siècle on constate cependant qu'il piège lui-même les valeurs qu'il affirme en fondant son action sur l'usurpation si bien que cette scène – ô combien romantique – donne à voir la naissance d'un antihéros romantique (III). Les valeurs romantiques affirmées ici par l'usurpateur L'affirmation de l'être, une tentative qui échoue L'amour met en jeu l'être, or la revendication d'être au monde = ce qui prime dans la littérature romantique. Monologue initiale = déstabilisation de l'amour. Dimitri s'affirme comme un véritable héros car il a dû risquer « la mort », « la prison et a su garder son « sang froid » et faire preuve d' « audace ». [...]
[...] On pourrait imaginer que Pouchkine s‘inscrit ici dans le droit fil du romantisme en affirmant une incompatibilité entre les valeurs du héros romantique et la prose du monde. Mai l'intrigue du faux Dimitri nous entraîne au-delà de cette dichotomie. Être au monde et jouer son rôle dans le monde, c'est sacrifier son être. Alors que Lorenzo (Musset, Lorenzaccio) pourra continuer à dire « je » en assumant sa division essentielle, le faux Dimitri n'est pa même divisé il a perdu son être en portant le masque du faux Dimitri, il est devenu le masque car le monde politique ne s'occupe que des jeux de masques. [...]
[...] Ce monde est vide d'être, l'être a été absorbé par le jeu de l'illusion qui seul mène le monde. [...]
[...] = degré de cruauté dans sa conscience purement politique. Sentiment aigu du présent (Marina) qui est le signe mêm de l'homme politique à la virtù machiavélienne. III- La naissance d'un antihéros romantique Un héroïsme négatif inspiré par Marina - Il prend le contre-pied de l'amour pour affirmer que c'est contre son amour pour elle qu'il entreprend désormais de continuer. Il assume a fausse identité dans une tirade où le personnage se dépasse lui-même pour devenir autre qu'il n'et. Notons que dans la distribution des répliques, cette tirade décisive n'est plus prononcée par l'imposteur mais par Dimitri (avec fierté), comme si assumer le nom faisait exister le personnage en tant que tel et non plus seulement le maque. [...]
[...] ; et mont temps est précieux ce n'est pas pour entendre le discours d'un amoureux ». Au vocabulaire de l'âme lyrique (« mon cœur débord », « ton amour, mon seul bonheur », « sans ton amour, que ont pour moi ma vie, le trône et l'éclat de la gloire ») répond le pragmatisme le plus froid (« nous n'avons pas le temps », « ton rang devrait t'être plus cher encore »). ( Ainsi, si le faux Dimitri amoureux découvre la vanité de choses du monde en comparaison de l'absolu de l'amour, c'et là une découverte bien solitaire. [...]
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