Sciences humaines et arts, Boris Godounov p.31-33, Alexandre Pouchkine (1831), intimité du tsar, monologue, tsarévitch Dimitri, Féodor 1er, Irina Godounova, état de trouble, ellipse temporelle, vision manichéenne
Le sous-titre "Les appartements du tsar" annonce au lecteur une entrée dans l'intimité du tsar Boris Godounov à laquelle nous n'avions pas encore accès, ne l'ayant vu en scène que dans la scène de son couronnement officiel (paroles adressées au peuple/vs paroles qu'il s'adressera à lui-même dans ce passage). Dans cette scène, nous pouvons lire d'abord un court dialogue entre deux échansons (officiers qui étaient chargés de verser à boire au seigneur), puis une longue tirade prononcée par Boris seul (monologue).
[...] Les échansons, par leurs répliques, annoncent le trouble de Boris qui vient une énième fois d'interroger un diseur de bonne aventure et qui apparaît très « sombre ». Cette courte discussion entre officiers annonce ainsi la tonalité du monologue de Boris où l'état de trouble est confirmé. Boris nous indique qu'il règne depuis maintenant « six ans » : nous sommes en 1604 (ellipse temporelle d'un an par rapport aux deux scènes précédentes qui se déroulaient en 1603). Ce trouble est dû au fait qu'il n'est pas aimé du peuple et qu'on l'accuse de nombreux crimes, mais Boris, à travers ce monologue, ne confirme pas lesdits crimes. [...]
[...] Mystère qui repose sur leur mort. Cependant Boris, à travers son monologue, se discrédite plus ou moins en présentant les rumeurs comme une spirale infernale et a priori sans fondement car liens familiaux. ( Impossible de démêler le vrai du faux. ( Mais le tsar ne dément pas clairement les rumeurs, ne se dédouane pas et son trouble grandissant montre qu'il est coupable de quelque chose III- Une attitude très suspecte qui tend cependant à faire penser qu'il est coupable Une conscience fortement troublée Dernière réplique qui sonne comme une CCL : « Pauvre est celui dont la conscience est lourde » : culpabilité affirmée, même si pas explicitement décrite + « et l'on voudrait s'enfuir », « Horreur » Le psychique devient physique Peste, poison, marteau, vertige, vision d'enfants ensanglantés. [...]
[...] Il y a ici un rapport clair avec le meurtre. Conclusion : Boris est troublé mais on ne sait pas pourquoi. Cela renvoie à la vision de l'histoire par Pouchkine pour qui elle n'est jamais claire. Cette scène montre les rapports vrai/faux et intérieur/extérieur chez Boris. « Les taches de sang devant les yeux » : vision hallucinatoire et sanglante qu'il aura à la fin de la pièce, où le meurtre du tsarévitch nous sera confirmé de façon beaucoup plus claire. [...]
[...] Ambiguïté de la situation. PB : Comment Pouchkine parvient-il, grâce à ce monologue plein d'ambiguïté, à éloigner le lecteur d'une vision manichéenne et à reconsidérer le portrait de Boris Godounov, jusqu'alors dépeint comme un tyran faisant « trembler le peuple » (réplique de Grigori à la fin de la scène ? Un gouvernant malheureux qui veut le bien de son peuple L'impossible bonheur lié au pouvoir suprême (doutes, peur constante d'être trahi) « J'ai obtenu le sommet du pouvoir » : = toute la tragédie de sa position : il a beau avoir réalisé son désir en atteignant l'apogée de sa grandeur, il n'en tire aucun plaisir, n'est pas heureux. [...]
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