Les Bonnes p. 107-110, Jean Genet 1947, aboutissement de l'intrigue, instabilité morale de Solange, champ lexical, passage à l'acte, monologue de Solange, commentaire de texte
Le passage se situe presque à la fin de la pièce, c'est le point d'aboutissement de l'intrigue et en effet la mise en scène de la mort est arrivée à son but, ou du moins la catastrophe est imminente, il faut aussi noter que l'extrait à commenter possède une portée dramaturgique majeure, puisque c'est ce monologue de Solange qui va induire le passage à l'acte, et donc la tirade de Solange est un pilier de la construction de la pièce et du sens.
[...] On peut souligner plusieurs aspects dans cette énumération : le mélange des époques, présence des délégations du ciel dans le cortège (ironique ? Même plan que les concierges), et mélange du réel et du merveilleux, effet proprement fantastique. Sorte de révolution imaginaire se produit, parce que tous les personnages sont des personnages qui occupent dans la société des petites fonctions, comme triomphe essentiel de cette glorification. Et enfin héroïsation de Solange, à la tête de cortège acclamé, c'est l'imminence de la mort qui lui confère sa sainteté et sa tirade avant qu'elle ne rentre atteint son acmé. [...]
[...] L'usage de verbes à l'infinitif permet une sortie du huis clos, au- delà de la scène il y a la mort, thématique récurrente chez Genet, "le théâtre se situe aux confins de la mort". Forme infinitive qui permet d'effacer la temporalité et le sujet. Dépersonnalisation qui va permettre dans le monologue le passage d'une identité à l'autre. Effet mécanique produit par ces verbes à l'infinitif, comme si Solange ne s'appartenait plus à elle-même. Il faut aussi observer que la police l'accompagne, Solange ne s'appartenait plus à elle-même. [...]
[...] Sorte de triomphe de la bonne. Cela dit il y a une confusion entre le triomphe de Solange et l'enterrement de Claire. Confusion entre l'enterrement de Claire et la condamnation de Solange, surimpression des deux scènes, comme la surimpression des deux identités. Il faut souligner que le glissement entre les deux scène, mise à mort de Solange et mise en terre de clair est favorisé par un entrelacs de termes qui évoque la mort : couronne, fleur, glas, et d'autres qui évoques la gloire, oriflammes, banderoles, dans une imagerie médiévale. La superposition d'une scène funèbre et d'une scène de glorification d'un triomphe et d'un enterrement. [...]
[...] Le bourreau : image de la mort du châtiment imminent, de la punition qui paradoxalement va conduire à la rédemption et à l'identité, en étant exécutée elle va devenir une criminelle célébrée. Et en même temps l'oreille il lui chuchote des mots d'amour, cette figure du bourreau est l'objet d'un désir trouble de la part de Solange, cela fait partie comme du laitier, comme Monsieur, des figures masculines hors scène. Autour de lui se cristallise une lance des contraires entre éros et thanatos. Pulsion de vie et pulsion de mort. Figure paradoxale. [...]
[...] L'instabilité mentale de Solange fait surgir une scène contradictoire, qui associe dans un même mouvement enterrement et glorification, on s'attachera à montrer en quoi Solange accède par le Crime à une identité rêvée et à une sanctification paradoxale. Deux mouvements dans ce monologue : ligne 1 à 29. A partir de la didascalie elle rentre marque un retour à la réalité puis une ultime plongée dans le monologue. Didascalie initiale : statut du balcon qui est un espace intermédiaire entre l'intérieur et l'extérieur. [...]
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