En 1883, Zola fait paraître « Au Bonheur des Dames » qui représente le 11° volume de sa vaste fresque intitulée « Les Rougon-Macquart », histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire ». Ce roman n'aura qu'un succès relatif par rapport au scandale qui a fait une publicité exceptionnelle à « L'Assommoir » et à « Germinal ». C'est le roman du triomphe du capitalisme, et de la lutte impossible du petit commerce contre les grands magasins. L'œuvre évoque aussi la remarquable ascension sociale d'Octave Mouret, le représentant du grand commerce qui finit par épouser Denise Baudu, la petite vendeuse venue de sa Normandie natale. Comme son titre l'indique, « Au bonheur des Dames » apparaît aussi comme le roman de la femme, dont Zola étudie les mœurs et les travers. Il s'agit des femmes de toutes les classes sociales, des vendeuses et des clientes, séparées par les comptoirs, croulant sous les étoffes, les soieries, les dentelles et les objets de toutes sortes.
[...] Vendre au prix coûtant ou même au-dessous du prix d'achat n'est possible qu'aux grandes surfaces. Ainsi l'argent demeure dans les caisses, et la cliente a l'impression d'une moindre dépense, dirions-nous aujourd'hui. En achetant régulièrement d'énormes quantités de marchandises, Mouret réduit certes sa marge de bénéfice, qu'il compense par le volume des ventes et par l'augmentation des prix sur d'autres articles. Avec les rendus il s'agit pour lui de donner la possibilité de rendre des objets achetés et de les échanger. [...]
[...] À partir de ces premières impressions, nous analyserons donc en premier lieu les techniques commerciales mises en œuvre par le propriétaire Octave Mouret, tous ces pièges destinés à séduire, tenter et manipuler. Puis nous essaierons de définir la névrose des grands bazars ses symptômes, ses manifestations et ses conséquences. Enfin, nous nous efforcerons de dégager les éléments implicites de ce tableau réaliste : une vision mythologique du grand magasin, fondée sur une vision de la femme éternelle ( ( ( Examinons d'abord les stratégies commerciales de Mouret, non seulement patron du grand magasin, mais aussi porte-parole de Zola. [...]
[...] Comme son titre l'indique, Au bonheur des Dames apparaît aussi comme le roman de la femme, dont Zola étudie les mœurs et les travers. Il s'agit des femmes de toutes les classes sociales, des vendeuses et des clientes, séparées par les comptoirs, croulant sous les étoffes, les soieries, les dentelles et les objets de toutes sortes. On peut noter dans le cours du récit trois grandes ventes, de plus en plus importantes et réussies, qui se déroulent dans des locaux sans cesse en extension. [...]
[...] Il a même rencontré le banquier Hartmann, pour lui emprunter les capitaux nécessaires à de futurs agrandissements du magasin, ce qui augmentera encore les profits. Dans ces conditions, comment les petits commerçants pourraient-ils lutter avec lui ? Au contraire, nous pressentons que leur ruine inéluctable est déjà commencée. Les Baudu, les Bourras, aux prises avec des problèmes financiers importants, assistent impuissants à l'invasion du Bonheur des dames dans tous les médias de l' époque. Par ailleurs, Mouret, fin psychologue, se fonde sur une connaissance profonde de la passion de la femme pour la dépense et le chiffon. [...]
[...] Ambitieux, habile psychologue, il installe tous les dispositifs qui feront de lui un capitaliste et un homme puissant dans le nouveau Paris, marqué par les grands travaux du préfet Hausmann. Dès le début du texte, nous découvrons qu'il vient de lancer une grande opération promotionnelle sur la nouvelle collection d'été. Le lecteur du XXIe siècle assiste ici en quelque sorte à la naissance de la publicité qui nous a envahis et qui conditionne partiellement nos vies, que nous le voulions ou non. [...]
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