La Boétie s'adresse à nous en multipliant l'emploi accusateur du pronom personnel "vous". Il en use de manière anaphorique à partir de la ligne 2 pour nous faire prendre conscience de notre culpabilité. Au départ, ce pronom s'adresse à la masse, au peuple puis à partir de la ligne 15 à chaque individu composant la masse donc le lecteur est personnellement concerné. Ce changement de destinataire est encore plus visible à partir de la ligne 31 parce que la résolution et la volonté sont les attributs d'un seul individu (...)
[...] Dans son Discours de la Servitude Volontaire, il se livre à une critique de la tyrannie et invite à la désobéissance civile car comme il nous l'explique dans ce passage, la soumission est à l'origine de la tyrannie. Comment rend-il son allocution à la fois convaincante et persuasive? Dans un premier temps, nous analyserons l'éloquence de son propos puis nous verrons en quoi il est représentatif du mouvement humaniste. Un discours éloquent système d'énonciation: La Boétie s'adresse à nous en multipliant l'emploi accusateur du pronom personnel "vous". [...]
[...] En le malmenant, il compte sur sa révolte. Entre les lignes 13 et 20, l'auteur pose de "fausses questions" c'est-à-dire ici des questions rhétoriques auxquelles nous sommes obligés de répondre "oui". L'accusation virulente provoque chez les lecteurs une réaction unanime de révolte non contre le tyran mais contre un auteur trop direct dans son emploi d'un lexique dépréciatif : nous sommes "misérables" et "insensés" (l1). Par la suite il désigne le tyran comme n'ayant "pourtant que deux yeux, deux mains, un corps" (l11). [...]
[...] Il défend aussi des idées très humanistes que sont la démarche scientifique, la non-violence et une confiance sereine en l'homme. L'auteur prend ici le contre-pied du Prince de Machiavel qui cherche à expliquer comment un prince peut se maintenir au pouvoir alors que La Boétie explique au peuple comment s'en défaire. Jusqu'à nos jours, ce discours a été souvent revendiqué par les Calvinistes, les révolutionnaires et les anarchistes. Encore aujourd'hui, ce manifeste contre la tyrannie éclaire les situations politiques avec modernité. [...]
[...] A l'image de Montaigne qui a également appartenu à ce courant culturel européen, sa vision du monde gravite autour de l'homme. Contre cette oppression, il propose à la ligne 31 une solution simplissime qu'il livre avec l'injonction à l'impératif "soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres". Il suffit donc de vouloir se délivrer de l'emprise d'un tyran pour y parvenir. La servitude en cessant d'être volontaire, n'existe plus. La Boétie choisit la civilisation et la justice contre la violence, la raison et "la vertu" (l49) contre les vices et la tolérance contre les guerres de religions. [...]
[...] Par son invitation "cherchons donc à comprendre " il incite son lectorat à faire de même. Il emploie le présent de vérité générale aux lignes et 50 pour faire de ses propos des arguments d'autorité. réquisitoire contre la tyrannie: La Boétie, pour faire de son discours un réquisitoire intransigeant contre le despotisme, emploie le champ lexical de la tyrannie et de la violence. Il multiplie les termes tels que "piller", "voler", "dépouiller" "frapper" "assaillir" "dévaste" (l20) pour insister sur l'idée de cruauté. [...]
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