1812, Blanche-Neige, Les frères Grimm, Perrault, mort, fictions de la mémoire collective, Master 1 Littératures, conte de tradition orale
Le conte de Blanche-Neige est un conte de tradition orale retranscrit par Perrault puis par les frères Grimm qui en donnent plusieurs versions : nous nous appuierons sur la version du conte restée la plus célèbre, qui introduit le personnage de la marâtre. Le conte est ponctué par de multiples morts : la mort initiale de la mère, la tentative de meurtre du chasseur sur Blanche-Neige, les trois assassinats de Blanche-Neige par sa belle-mère et la mort finale de la reine. Si ces représentations de la mort initient l'enfant aux diverses émotions et attitudes possibles face à la mort, il est aisé de leur donner des sens plus métaphoriques. Aussi est-il possible de voir dans ces morts diverses épreuves qui, traversées et surmontées par l'héroïne, tracent un parcours initiatique destiné à la faire grandir. Cette croissance est bien sûr physique et sociale (puisque d'enfant, elle passe au statut de femme mariée), mais elle est aussi sensible et spirituelle.
[...] Pour proposer une lecture freudienne très schématique qui compléterait cette proposition, Blanche-Neige se poserait comme le moi tendu entre une marâtre tentatrice incarnant le ça et des nains protecteurs, symbole du surmoi. Ainsi, le récit initiatique est peut-être plus convaincant lorsqu'il propose l'émancipation symbolique d'une âme que celle d'une jeune fille. En effet, si Blanche-Neige grandit tout au long du conte, apprend de ses erreurs et d'une enfant de sept ans passe au statut de femme mariée, elle ne s'émancipe jamais tout à fait. [...]
[...] Alsleben, Didier et Cie pp. 7-19. Consultable sur wikisource : https://fr.wikisource.org/wiki/Blanche_Neige Lectures complémentaires : GRIMM Jacob et Wilhelm, Contes pour les enfants et la maison t.2, trad. Natasha Rimasson-Fertin, José Corti CHAUDOYE Guillemine, CUPA Dominique, MARCOVICI Maud, « Cruauté et transmission de vie. Les contes de fées de Charles Perrault et des Frères Grimm », Topiques 2011/3 (n°116), A2IP, pp. 179-190 https://www.cairn.info/revue-topique-2011-3-page-179.htm (consulté le 20/12/2023) GALLEY Micheline, « Note sur la mort dans le conte populaire », in Diogène 2004/1 (n°205), PUF, pp. [...]
[...] Ce sentiment semble son seul rempart contre la fuite du temps et le progressif rapprochement de la fin : elle fuit la mort, d'une certaine façon, en souhaitant préserver sa beauté, symbole de vie et de jeunesse. Elle est « contente », au début du conte, lorsque le miroir lui affirme qu'elle est la plus belle. Mais dès que Blanche-Neige la surpasse en beauté, elle nourrit une « haine », une « envie » et une « jalousie » qui ne feront que croître au cours du conte - qui le prévoit dès son commencement : « L'envie et la jalousie ne fit que croître en elle ». [...]
[...] Outre le conflit intérieur représenté par Blanche-Neige, sa marâtre et les nains, un personnage semble pourvu, à lui seul, de sentiments contradictoires : il s'agit du chasseur. Le meurtre de la jeune fille l'emplit de culpabilité, c'est pourquoi il ne l'accomplit pas de ses propres mains. Mais plutôt que d'assumer le choix clair de sauver ou de tuer Blanche-Neige, il se déresponsabilise et, par arrangement avec sa propre conscience, l'envoie dans une forêt peuplée de « bêtes féroces » dont il est certain qu'elle ne réchappera pas : « Va, pauvre enfant » Il pensait en lui-même : « Les bêtes féroces vont te dévorer bientôt. [...]
[...] Lorsque la marâtre se présente à la cabane des nains pour la première fois, Blanche-Neige ne se méfie pas et la laisse entrer, attirée par les lacets qu'elle prétend vendre (« "Je peux laisser entrer cette brave femme," pensa Blanche-Neige. »), mais lors de son deuxième passage, Blanche-Neige semble avoir appris de son erreur passée en affirmant à la soi-disant bohémienne « Je ne dois faire entrer personne ; passez votre chemin. ». Trop tentée par les peignes vendus par la marâtre, Blanche-Neige ouvre pourtant la porte. Ce qu'elle ne fait pas lors du troisième passage de la marâtre : elle s'y refuse et c'est par la fenêtre que la belle-mère lui tend la pomme qu'elle veut lui offrir. [...]
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