Dans les "Pensées" de Pascal, notes découvertes à la mort de l'auteur et publiées pour la première fois par ses proches en 1662, la grandeur de l'homme est l'un des sujets de réflexion que l'écrivain privilégie le plus, à l'instar du divertissement, de l'imagination ou de la vanité. Mais, pour Pascal, en quoi consiste la grandeur de l'homme ? Pour Pascal l'homme est essentiellement un être de paradoxes : « Juge de toutes choses, imbécile ver de terre, dépositaire du vrai, cloaque d'incertitude et d'erreur, gloire et rebut de l'univers » (fragment 122).
Aussi, si l'écrivain reconnaît à l'homme une grandeur certaine, il ne se prive pas pour autant de vilipender ce qu'il nomme sa « misère ». Mais en quoi l'homme est-il misérable pour Pascal ?
[...] Blaise Pascal, "Les pensées" section II et VIII - la grandeur de l'homme ou misérabilité de l'être Questions 1. Dans les sections II à VIII des Pensées, en quoi consiste la grandeur de l'homme selon Pascal ? points.) 2. Dans les sections II à VIII, en quoi l'homme est-il un être misérable pour Pascal ? (12 points.) Corrigé de la question 1 Plan : Introduction. Partie I : L'homme, un être de pensée. Partie II : Supériorité de l'homme sur l'animal et la matière. [...]
[...] Aussi, si l'écrivain reconnaît à l'homme une grandeur certaine, il ne se prive pas pour autant de vilipender ce qu'il nomme sa misère Mais en quoi l'homme est-il misérable pour Pascal ? Même si le fragment 64 expose avant tout le point de vue de l'homme sans Dieu sur l'existence (être effrayé autant par son insignifiance au milieu de l'espace-temps que par l'absence de sens que lui inspire sa place dans le monde), ce bref passage des Pensées expose également la condition de tout homme : pour Pascal en effet, même si ce dernier a retrouvé le chemin qui mène à Dieu au milieu des multiples faux-semblants de l'existence, il ne peut malgré tout s'empêcher de se considérer comme misérable au sein d'un univers et d'un temps aux dimensions considérables : Quand je considère la petite durée de ma vie, absorbée devant l'éternité précédant et suivant ( le petit espace que je remplis et même que je vois, abîmé dans l'infinie immensité des espaces que j'ignore et qui m'ignorent, je m'effraie Grand par sa capacité de réflexion, par son aptitude à percevoir la vérité de chaque chose par le cœur, grand aussi par ce qui lui reste de sa perfection d'origine, rien ne peut faire cependant que l'homme ne se sente pas bien insignifiant face à l'infini de l'univers et du temps. [...]
[...] Enfin, pour Pascal, l'homme dispose d'une dualité de perception raffinée que l'on ne retrouve chez aucun animal. Celui-ci est en effet capable d'appréhender aussi bien le monde sensible que la vérité dans le domaine intellectuel au moyen de sa raison et de son cœur : Nous connaissons la vérité non seulement par la raison mais encore par le cœur. (fragment 101). Enfin, pour Pascal, la grandeur de l'homme vient paradoxalement de ce qu'il est un être déchu : corrompu par le péché originel, il garde malgré tout de son état antérieur de perfection et de béatitude un reste de sa grandeur d'autrefois, ne serait-ce que parce qu'il est toujours en mesure d'appréhender la vérité (donc l'existence de Dieu) à l'aide de sa raison et de son cœur (et ce, au milieu d'un monde qui tend à l'égarer et à le tromper sans cesse, tout dominé qu'il est par l'imagination, la coutume, le divertissement, la vanité ) : [L'homme] est déchu d'une meilleure nature qui lui était propre autrefois. [...]
[...] fragment ni le peuple Tel homme passe sa vie sans ennui en jouant tous les jours peu de choses. Donnez-lui tous les matins l'argent qu'il peut gagner chaque jour, à la charge qu'il ne joue point, vous le rendez malheureux. fragment 126). Si le divertissement participe tant à la profonde misère de l'homme pour Pascal, c'est parce qu'il est avant tout une fuite qui permet aux gens d'oublier les questions fondamentales de l'existence : Dieu, le salut, la place de l'homme dans l'univers et dans le temps Pour Pascal la question de la misère de l'être humain est à la fois complexe et source de paradoxe : misérable parce qu'il n'est que quantité négligeable dans l'espace-temps, parce qu'il fuit dans le divertissement au lieu de se préoccuper du salut de son âme, mais aussi parce qu'il s'égare dans la vanité et dans la recherche des biens, l'homme, cependant (et paradoxalement), tire une partie de sa grandeur de ce qu'il est misérable, puisqu'il sait reconnaître de temps à autre que son existence est dominée par une misère sans fond. [...]
[...] Quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradictions ( ) ? ( ) Qui démêlera cet embrouillement ? (fragment 122). Une bonne part de cette inintelligibilité de l'être humain venant du fait que ce dernier demeure pétri de ce que Pascal appelle des contrariétés (contradictions en français moderne) : Contrariétés./ L'homme est naturellement crédule, incrédule, timide, téméraire. (fragment 115). La misère de l'homme repose enfin sur son irrépressible désir de s'occuper l'esprit que Pascal nomme divertissement Pour l'écrivain personne n'y réchappe : ni les rois Les hommes s'occupent à suivre une balle et un lièvre : c'est le plaisir même des rois. [...]
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