Les Bienveillantes chapitre 1 incipit, Jonathan Littell 2006, lecture analytique, fable, moralité, argumentation, ironie, provocation, autobiographie fictive, mythologie grecque, narration
Voici la lecture analytique d'un extrait de l'oeuvre "Les Bienveillantes", de Jonathan Littell. Le passage étudié est l'incipit du roman et il se trouve dans le premier chapitre intitulé "Toccata". L'extrait va du début à "et tout le reste est facultatif" (pages 11-13 chez l'édition Gallimard). Jonathan Littell est un écrivain franco-américain du 21e siècle. Il est né à New York en 1967 et il a obtenu la nationalité française grâce au rayonnement des Bienveillantes.
C'est son premier roman. Il est paru en 2006 et il a reçu le prix Goncourt et le prix de l'Académie française en 2006 et 2007. Le titre est une référence ironique à la mythologie grecque et plus particulièrement à la Tragédie d'Eschyle. Les bienveillantes sont des déesses vengeresses, appelées les Erinyes. Elles étaient appelées les bienveillantes par euphémisme et par crainte.
[...] Lecture Analytique des Bienveillantes Note : Voici la lecture analytique d'un extrait de l'oeuvre Les Bienveillantes, de Jonathan Littell. Le passage étudié est l'incipit du roman et il se trouve dans le premier chapitre intitulé “Toccata”. L'extrait va du début à “et tout le reste est facultatif” (P11-13 chez l'édition Gallimard) Plan : I. Autobiographie fictive Récit de souvenir Pacte de lecture et captatio benevolentiae Un portrait en dentelle (le portrait du narrateur qui se dévoile) II. [...]
[...] Une fable morale Une argumentation déguisée Dénégations de pures formes : « ne pensez pas que je cherche à vous convaincre de quoi que ce soit » l.6 → ne nous convainc pas du point de vue politique et idéologique MAIS il cherche à nous convaincre de quelque chose sur le plan moral : « je vous l'assure » l.2 ; « ça vous concerne, vous verrez bien que ça vous concerne » l.5/6 → répétition + utilisation du futur + l'adverbe « bien » → Veux nous convaincre au fil de la lecture Une vérité difficile à dire ET à entendre Difficile à dire : → impossible à nommer « ça » L.1 / « sombre histoire » L.3 = substitues + « si j'en ai le courage » L.44 / « et puis si vous ne supportez pas ça, vous feriez mieux de vous arrêter ici » L.61 Difficile à entendre : Rapprochement entre le lecteur et le narrateur (nazi) : il essaye de nous faire croire que nous sommes pareils : Comme le montre l'apostrophe initiale + L.5 « ça vous concerne » = on a quelque chose en commun avec lui + L.9/11 = présent de VG et tournure impersonnelle « on » pour représenter l'humanité C'est pourquoi le narrateur nous demande de faire preuve de lucidité à la ligne 62 « reconnaissez-le » Il va même imaginer le refus du lecteur à la ligne 2 « on est pas votre frère rétorquerez vous et on ne veut pas le savoir » Ironie et provocation Provocation : -Un nazi qui se plaint « j'ai bien le droit de me plaindre un peu » L.60 + il nous parle de constipation -L.65 : Il met sur le même plan « l'excrétion » et « la recherche de la vérité » avec la conjonction de coordination « et » -femmes de ménage : « elles sont payées pour ça » L.18 → sarcasme -attaque personnelles / ? argument ad hominem ? contre le général: « je n'écris pas pour nourrir ma femme et mes enfants » L.52 Ironie dans le détournements de références : → François Villon, La Ballade des pendus, « Frères humains » = Villon qui l'écrit avant de se faire exécuter ALORS QUE Maximilien n'a rien payé pour ses crimes. [...]
[...] → Verlaine, L'Art poétique, « Tout le reste est littérature » qui devient « Le reste est facultatif » L.65 → Marcel Proust, La recherche du temps perdu, « longtemps je me suis couché de bonne heure » qui devient « longtemps j'ai du passer aux cabinets ( ) » L.55/56 Conclusion : Ce début est une véritable Toccata, c'est-à-dire un moment où le narrateur qui est infâme, prend contact avec le lecteur sur le ton d'une conversation. Ce texte est une invitation à un parcours difficile mais à une nécessaire réflexion sur l'humain à travers l'inhumanité de certains comportements. Comparaison à Rudolf LANG de La Mort est mon métier : Lang est complétement déshumanisé (il prend le point de vue d'un soldat et ne pense que par l'idéologie) contrairement à Aue qui est très cultivé. [...]
[...] Le titre est une référence ironique à la mythologie grecque et plus particulièrement à la Tragédie d'Eschyle. Les bienveillantes sont des déesses vengeresses, appelées les Erinyes. Elles étaient appelées les bienveillantes par euphémisme et par crainte. Le récit prend la forme de l'autobiographie fictive d'un personnage, Maximilien Aue, un ancien bourreau nazi. [...]
[...] Une fable morale (Apologue) I. Autobiographie fictive Récit de souvenir Champ lexical souvenir : « laissez-moi vous raconter comment ça s'est passé » l.1 « il s'est passé beaucoup de choses » l.4 « raconter ses souvenirs » l.24 « manufacturer des souvenirs » l.25/26 → allusion à son métier (usine) ET allusion cynique à l'exterminations des Juifs qui a pris une dimension industrielle « écrire mes Mémoires » l.30 « je vous le raconterai peut être plus tard » l.44 « quant à mes histoires de famille, que je raconterai peut être aussi » l.48 On retrouve les motivations habituelles de quelqu'un qui écrit une autobiographie : -Pour soi-même (s'analyser) : « mettre les choses au point pour moi- même » l.8 « elles ne concernent que moi » l.49 « pour éclaircir un ou deux point pour moi-même » l.54 -Ecriture = passe-temps : « comme occupation ( ) écrire en vaut bien une autre » l.21 « si j'ai décidé à écrire, c'est bien sans doute pour passer le temps » l.53 -Ecriture thérapeutique : « je pense que cela me fera du bien. [...]
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