La Bête Humaine, Zola, scène dramatique, animal-machine, naturalisme, étude de la nature humaine, portée cinématographique, figures de style, relation homme machine, double lecture
René Descartes, un philosophe du XVIIe siècle, est à l'origine de l'expression « animal-machine ». En d'autres termes, l'animal serait constitué de rouages, d'automates et de mécanismes. Selon la tradition cartésienne, il serait donc sans âme et dénué de conscience.
Ainsi, cette thèse née de la Lettre au Marquis Newcastle fait écho à La Bête Humaine, une œuvre au titre antithétique écrite par Émile Zola et publiée en 1890, un auteur qui se distingue de par son mouvement littéraire. En conséquence, ses ouvrages sont pour la plupart naturalistes, dans la mesure où ils tentent de dépeindre fidèlement une société moderne du XIXe siècle. De ce fait, Zola puise son inspiration dans des faits divers et des documentations accrues sur les thèmes de son époque.
[...] L'immersion continue tout de même, mais se penche cette fois-ci vers le discours intérieur de La Lison. Le terme « affreux sifflement » pourrait caractériser le cri d'un monstre. Néanmoins, la métaphore de la « détresse qui déchir[e] l'air » crée une dimension d'agonie, de souffrance. Maintenant rattachée à une sonorité stridente, infernale et omniprésente. La Lison est alors personnifiée comme souvent dans La Bête Humaine. Elle possède une âme et s'entête à foncer vers la mort. D'ailleurs, l'accumulation d'actions traduisant son entêtement amplifie sa détermination. [...]
[...] Elles s'accumulent dans une suite d'actions effrénées, il « avait haussé la tige du cendrier, mécontent du tirage, venait de voir, en se penchant pour s'assurer de la vitesse ». Par conséquent, cette accumulation soulignée par la « vitesse » est caractéristique du registre épique. Cependant, cet aspect pourrait être également dramatique pour maintenir le suspens. Ensuite, la conjonction de coordination « et » crée un parallèle entre les deux personnages. En fait, le discours intérieur présente les pensées et les deux réactions différentes de Pecqueux et Jacques face à la catastrophe. Par ailleurs, le champ lexical de la vue est encore mentionné à travers une épiphore « vit tout, comprit tout ». [...]
[...] Jacques ne possède pas l'héroïsme d'un personnage épique. Il est empli de désespoir. Tout d'abord, il « faisait marche arrière ». Puis, il « s'était pendu, d'une main inconsciente, au bouton du sifflet ». En outre, le personnage mise sa vie, se pend littéralement à un objet insignifiant. De ce fait, la pitié que le lecteur ressent à son égard ne fait qu'accroître. Le mécanicien en perd ses capacités surhumaines ainsi que sa puissance de meneur. Même si la volonté du personnage reste furieuse, sa motivation « d'avertir, d'écarter la barricade géante » reste impuissante. [...]
[...] De surcroît, les compléments circonstanciels de lieux et de temps « sur », « dans », « d'où » se traduisent comme des repères spatio-temporels importants. Le protagoniste à « la main sur le changement de marche ». Ici, un rapport de force est imposé. Ainsi, la préposition supérieure « sur » suivi du nom « volant » caractéristique de contrôle et d'emprise nous indiquent la position de Jacques. D'ailleurs, un lien charnel est ressenti entre Jacques et La Lison dès la première ligne. Son corps est présent, littéralement relié au sien. Car sa main est posée « sur le volant du changement de marche ». [...]
[...] Nous décelons alors une femme brisée parce que l'homme qui l'aimait en aime une autre. Au final le chagrin la brise et la pousse au suicide. En parallèle, la portée cinématographique du texte a pour effet de créer une immersion chez le lecteur, voire de comprendre le discours intérieur de chaque personnage présent dans l'extrait. [...]
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