À la lecture du titre "La bête humaine", nous pouvons être tentés de penser qu'il n'illustre que la bestialité de l'homme. Alors qu'en réalité, Zola a fait ce choix pour permettre d'ouvrir la dimension de l'interprétation à ses lecteurs, mais également la pluralité de sens qui se trouve dans ces trois mots. Or Zola voulait que son titre illustre: "le chemin de fer comme fond, le progrès qui passe devant la bête humaine déchaînée [...] C'est le progrès qui passe, allant au XXe siècle." (Extrait du Bestiaire de Zola, Revue Europe par P. Bonnefis 1968) Cette image de Bonnefis propose une remarque métaphore des figures animales dont s'est nourrie l'œuvre de Zola.
Nous allons porter notre attention sur cette question du titre, car elle nous permet d'envisager notre dossier à travers deux grands axes de lecture: la bestialité de l'homme, et la bestialité et l'humanisation de la locomotive. Notre réflexion sera organisée essentiellement autour de cette question: quelles sont les "bêtes humaines" dont nous parle Zola dans son roman ?
[...] La bête humaine sommeille en chacun de nous. Nous apprenons à la dompter du mieux que nous pouvons. La Bête humaine parle de gens qui n'ont pas su la maîtriser et qui agissent selon leurs nerfs et leur sang. Ce n'est pas sans ressembler à Thérèse Raquin, où les deux personnages principaux sont aussi des bêtes humaines. En fait, ces deux romans se ressemblent de par cet aspect. Mais le roman étudié dans ce dossier relate des pulsions moins intériorisées, ce qui amène à un roman jonché de morts, tueries, accidents, meurtres; un bain de sang, duquel le lecteur ressort ébranlé, lui aussi inévitablement marqué par ces horreurs. [...]
[...] Bien sûr, ce n'était pas la première fois - loin de là - qu'il manifestait un tel désir. Mais à ce point précis de sa carrière, la préoccupation d'originalité a pour lui une force et une urgence qu'elle n'avait pas auparavant. A un moment où le naturalisme a perdu son caractère de groupe d'avant-garde et où l'on proclame volontiers sa faillite, Zola ne peut plus se poser en représentant d'un mouvement ample et irrésistible appelé à renouveler totalement la littérature. La Bête humaine est une expérience. Ce livre peut se résumer en deux mots : la fureur. [...]
[...] Misard se comporte comme un insecte, car il empoisonne tante Phasie petit à petit, avec patience, tel un animal qui mange un arbre : Qu'importe, il l'avait mangé cette gaillarde, cette grande et belle femme, comme l'insecte mange le chêne (page 329) C'est un petit homme sournois et avare. La dernière personne que nous pouvons citer qui apparaît dans La Bête humaine en tant que telle est Séverine. Mais cette dernière est décrite comme une féline, et non comme une bête féroce ou sauvage. Les termes qui la désignent font davantage penser à un animal de compagnie. [...]
[...] - le mouvement: c'est un roman qui est dynamique, où les personnages agissent, bougent, se déplacent. - la machine. (Nous reviendrons sur la locomotive dans une seconde partie) Mais le dénominateur commun est l'explication du titre du roman: La bête humaine: l'homme primitif. En chacun de nous, plus ou moins étouffé par la civilisation, se tapit un instinct de mort dont l'origine est incertaine; Jacques, à plusieurs reprises, se pose cette question Posséder, tuer, cela s'équivalait-il, dans le fond sombre de la bête humaine ? page 228) angoissé. [...]
[...] Il est capable lui aussi de violences : il a déjà tué dans une rixe et sous l'effet de l'alcool. De plus, il vit dans une cabane au fond de la forêt, ce qui rappelle les bêtes sauvages cette bête féroce page 397). Paradoxalement, c'est chez ce sauvage que l'on trouve l'une des rares traces de tendresse dans tout le roman. Ainsi, il est ému lorsqu'il découvre Séverine égorgée Puis il aperçut le sang, il comprit, s'élança avec un terrible cri qui sortait de son cœur déchiré page 392). Flore, tout comme Cabuche, est un être sauvage et animal. [...]
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