Allusion à la Bible, le fruit cueilli par Adam, séduit par Satan, et que Dieu avait interdit de cueillir, ce qui engendrera la punition consistant pour Adam et Eve d'être chassé du paradis.
Par extension, on pourrait dire que la tentation guette toujours l'homme qui le conduit vers le mal (Satan) et l'éloigne du Bien (Dieu). La tentation de ce qui est interdit signifie donc une déviation vers l'immoralité (...)
[...] La tentation de ce qui est interdit signifie donc une déviation vers l'immoralité. Etant enfant, nous avons fait suffisamment de bêtises pour avoir éprouvé cette tentation de faire ce qui est interdit. L'enfant se rend très bien compte qu'il enfreint un interdit : il regarde son père ou sa mère d'un coin de l'œil tout en essayant d'écrire sur le papier peint ! Cette mémoire ancienne peut-être vue relativement à l'ancienneté de la Bible, mais cela ne suffit pas, puisque la Bible ne constitue une autorité que pour une partie de l'humanité. [...]
[...] mais à condition que ça rapporte . Nous exigeons au moins une autorité morale pour accepter d'obéir à la morale. L'enfant, maintenu dans une relation de soumission, fait son devoir par simple habitude, sous la crainte de la punition, parce qu'il n'est pas encore capable de comprendre par lui-même qu'il est indispensable de le faire. L'adulte est capable de comprendre, il est autonome. Nous prenions conscience qu'en fait l'autorité n'est pas fondée sur la force, mais sur un certain rôle. [...]
[...] Au fond, la véritable autorité morale est alors liée aux situations sociales et aux responsabilités réciproques qui nous incombent dans nos relations. Être mère, grand-frère, c'est avoir des devoirs vis-à-vis de son enfant ou de sa petite sœur. C'est sentir que l'on a des obligations à respecter. En définitive, nous sommes en relation essentiellement morale avec les autres. Une façon de concevoir cette relation consiste à dire que la société et ses règles s'adressent constamment à nous à travers nos devoirs sociaux. [...]
[...] Pour l'adolescent, le souvenir s'agglutine vite autour de quelque expérience amoureuse, ou quelques audaces. Résultat : il perd le sens de l'interdit devant l'autorité des parents et il est alors facilement inconscient, irresponsable. Il ne se rend même plus compte de ce qui est mal, il ne voit que ce qui lui fait plaisir : il profite. Le plaisir est sa morale. Bergson parle de son époque, mais ce qui se passe aujourd'hui est justement la réalisation de ce programme : laisser faire, laisser aller et encourager la poursuite du plaisir. [...]
[...] La question ne se posait guère ; nous avions pris l'habitude d'écouter nos parents et nos maîtres. Toutefois, nous sentions bien que c'était parce qu'ils étaient nos parents parce qu'ils étaient nos maîtres. Donc, à nos yeux, leur autorité venait moins d'eux-mêmes que de leur situation par rapport à nous. Ils occupaient une certaine place : c'est de là que partait, avec la force de pénétration qu'ils n'auraient pas eue s'ils avaient été lancés d'ailleurs, le commandement. En d'autres termes, parents et maîtres semblaient agir par délégation [11]. [...]
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