Jean Racine fut un dramaturge français du XVIIe siècle et historiographe de Louis XIV. Ses pièces telles que Andromaque, Britannicus ou encore Phèdre ont fait de Racine un grand nom du théâtre tragique classique, tout comme l'œuvre Bérénice, publiée l'année 1670. Dans cette pièce, qui est composée de cinq actes et en alexandrins, l'auteur nous donne à lire le déchirement d'un homme, Titus, entre l'amour qu'il éprouve pour Bérénice et son devoir d'Empereur qui lui interdit l'union avec une reine étrangère. Toute la pièce tourne autour de la difficile révélation de sa décision.
Notre extrait est situé à la fin du premier acte, à la scène 5. Bérénice vient de se voir reprocher par Phénice, sa confidente, d'avoir reçu si froidement l'aveu amoureux d'Antiochus, alors qu'elle n'est pas certaine de l'accueil que fera Rome de son mariage avec Titus. La Reine de Palestine reste sourde à ces avertissements et voit au contraire son amour pour Titus s'exhaler en une louange inspirée par la cérémonie d'apothéose de Vespasien.
[...] La suite du texte illustre cette certitude dans tous ses aspects. Bérénice convoque à l'appui de sa conviction amoureuse le sénat et le peuple : il verra le sénat m'apporter ses hommages Ne pouvant concevoir l'avenir autrement, elle considère alors que le peuple et les institutions politiques, en particulier le puissant sénat, viendront approuver l'union révélée. La confusion des genres, signe annonciateur de la tragédie qui est en train de se jouer Bérénice croit que le début du règne de Titus marque le début de sa gloire alors que, en réalité, elle signifie celui de sa perte. [...]
[...] qui, en trois alexandrins, fait tenir dix détails de l'évocation : Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit enflammée, Ces aigles, ces faisceaux, ce peuple, cette armée, Cette foule de rois, ces consuls, ce sénat, Ces incantations se poursuivent tout au long du texte comme une litanie. Le procédé de l'accumulation a aussi pour fonction de traduire la palpitation enthousiaste de Bérénice. Cet état d'esprit est particulièrement manifeste dans les vers rythmés par une métrique haletante des césures telles que Ces aigles, ces faisceaux, ce peuple, cette armée Le chant d'admiration de Bérénice se manifeste enfin par des procédés rythmiques et musicaux plus lents qui vont insister, eux, sur la solennité de l'instant. [...]
[...] Il devient le point de convergence des mille et un regards : Tous ces yeux qu'on voyait venir de toutes parts Confondre sur lui seul leurs avides regards Notons ici les associations de Tous et Confondre l'accentuation «sur lui seul et le choix de l'abjectif avides L'empereur est désigné comme le centre emblématique du tableau et de l'univers. La perception de Bérénice insiste donc sur la prédominance de la figure impériale que l'on retrouve également par une opposition de clair-obscur : d'abord parce que l'éclat du tableau que nous venons de décrire magnifie autant l'Empereur que ce dernier le suscite. La lumière qui émane de Titus s'oppose littéralement à l'obscurité et trouve son reflet dans les flambeaux et les bûchers qui l'entourent. [...]
[...] De même, le mot le temps du début (sous entendu le temps long de la crainte, de l'attente) est remplacé désormais par le temps de l'action exprimé par le n'a plus qu'à La nouvelle puissance de Titus s'exprime également à travers le lexique que Bérénice utilise. Outre les attributs spectaculaires du pouvoir et de la gloire militaire, les aigles les faisceaux l' armée les rois les lauriers qui se rattachent moins à l'homme Titus qu'à la fonction qu'il occupe désormais, on relève tout un ensemble lexical personnalisant cette idée de pouvoir absolu. La grandeur l' éclat la gloire la victoire redoublent l'image du maître entre tous reconnaissable et reconnu. [...]
[...] "Bérénice", Jean Racine (1670) - acte scène vers 297 à 322 "Le temps n'est plus ( ) offrir aussi nos voeux" Introduction Jean Racine fut un dramaturge français du XVIIe siècle et historiographe de Louis XIV. Ses pièces telles que Andromaque, Britannicus ou encore Phèdre ont fait de Racine un grand nom du théâtre tragique classique, tout comme l'œuvre Bérénice, publiée l'année 1670. Dans cette pièce, qui est composée de cinq actes et en alexandrins, l'auteur nous donne à lire le déchirement d'un homme, Titus, entre l'amour qu'il éprouve pour Bérénice et son devoir d'Empereur qui lui interdit l'union avec une reine étrangère. [...]
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