Du Bellay, Sonnet 9, explication de 3 pages
Ce poème commence par un hymne (1er vers), d'ailleurs polémique : à l'imitation de Ronsard, Du Bellay célèbre la France avec les mots traditionnellement appliqués à l'Italie ; Le premier vers est tonitruant, et semble annoncer une poésie de célébration : 'France', apostrophe qui d'emblée personnifie la patrie, mot mis en valeur par la coupe lyrique ;
[...] A présent, "les autres agneaux", les poètes, occupent tout un tercet . Foule, errance, perte de soi Reprise des éléments précédents, dans le désordre : "pâture" renvoie à la première strophe (nourri, lait, mamelle, nourrice), le loup au vers le vent et la froidure aux vers 10 et 11 ; en même temps, il y a dégradation : la "pâture" n'a pas la connotation affective de l'allaitement, le vent n'est plus personnifié comme dans "froide haleine", et la froidure semble banalisée par rapport à la "tremblante horreur" du vers 11. [...]
[...] DB Dans la tradition gallicane et exaltant sa patrie quittée pour mieux la servir. Mais aussitôt s'exprime un regret personnel, un constat d'abandon qui renvoie aux sonnets 7 et 8. "Longtemps" à l'hémistiche et "ores" (maintenant) en début de vers marquent cette nostalgie. Elégie Dès le premier vers, présence de la mère, image symbolique développée au second : c'est un symbole qui s'anime, devient plus consistant. Le second vers rappelle la faveur dont jouissait le poète avant de partir. L'agneau, parangon de l'innocence, rappelle l'agneau égaré de la Bible. [...]
[...] Les rimes en [elle] évoquent le bêlement de l'agneau. Tonalité pathétique tjrs. Ce monde est saturé d'allégories : outre "France", voici maintenant la nymphe Écho . mythologie. Notons la répétition du verbe "réponds" aux vers 6 (syllabes (syllabes et 8 (syllabes : effet de glissement d'un vers à l'autre, comme si la voix attendue, et l'espoir, s'éloignaient. Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine, Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau. [...]
[...] A la souffrance de la solitude et de l'abandon s'ajoute le danger. Avant, agneau biblique : soit l'agneau pascal symbolisant l'innocence (agneau sacrifié), soit le Christ, soit encore la brebis égarée loin de son pasteur. L'enjambement des vers 10-11 évoque la longueur de la souffrance. Le tableau s'élargit : "j'erre" montre qu'on est passé de la comparaison ("comme un agneau") à l'assimilation. Ce thème est assez courant, par exemple chez Marot, Suite de l'adolescence clémentine, épître 24 : "Le Parc est clos, et les Brebis logées Toutes, fors moi, le moindre du troupeau, Qui n'a toison, ni laine sur la peau" (v. [...]
[...] Dans la seconde strophe, l'appel se fait plus pressant : questions, interjections, apostrophe, répétitions, et chute du dernier vers. Le conditionnel "si tu m'as . " évoque une "condition réelle" et non une vraie hypothèse : cf. v Le si veut dire puisque Interjection, vocatif "ô cruelle" inscrit le poème dans une veine pétrarquiste, et appartient au lexique amoureux. Quant à l'appel désespéré "France, France", il est lui-même imité de Virgile, Bucolique VI Les deux quatrains forment donc une unité. [...]
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