Le tout premier sonnet précise justement la poétique générale de l'oeuvre (par rapport au sujet, à la disposition et à la mise en forme notamment) et reprend des éléments contenus dans les trois pièces liminaires. Il lui faut définir une nouvelle poésie, une poésie qui corresponde à ses inspirations singulières.
En effet, Du Bellay s'est en quelque sorte exilé, et s'est par là-même éloigné de Marguerite de Navarre, qu'il considère pour ainsi dire comme sa muse, son inspiratrice ; l'éloignement rime alors avec la perte (du moins a priori !) de l'inspiration, et doit donc, logiquement, conduire à la recherche d'un autre type de poésie (...)
[...] Du Bellay veut suivre ce qui peut apparaître et disparaître sans affecter la substance même, comme le souligne la référence aux accidents qui renvoient à des événement superficiels et contingents, et s'opposent ainsi à l'essence pointée du doigt dans les vers 1 à 3. De plus, la désignation de ces lieux opère une sorte de restriction de champ par rapport à la mention précédente de l'univers Du Bellay, contrairement au Ronsard des Amours, n'entend pas s'interroger, dans sa poésie, sur la recherche de l'essence. Du Bellay entend essayer de trouver, de tracer sa propre voie. Encore une fois, la musicalité est très prononcée, avec des assonances en et des allitérations en Le v 8 est construit sur un balancement. [...]
[...] * EXPLICATION DE TEXTE Premier mouvement du sonnet Le premier quatrain est construit, orchestré par une anaphore : Je ne veux point Cette tournure négative est également présente dans le tout premier sonnet de L'Olive, un autre recueil de Du Bellay. La formule redondante Je ne veux point énonce ainsi sur le mode négatif le projet de Du Bellay, avec une détermination évidente : il clame de fait haut et fort ses intentions, comme l'atteste l'emploi récurrent et assumé de la première personne du singulier : Je D'emblée, et avec insistance, Du Bellay rejette vivement ce que l'on considère traditionnellement à l'époque comme les grands genres, à commencer par la poésie philosophique : Du Bellay fait par conséquent ici référence, en filigrane, aux œuvres du célèbre Lucrèce, mais aussi aux hymnes de son contemporain Ronsard. [...]
[...] Du Bellay séjourne à Rome de 1553 à 1557. D'abord fort enthousiasmé par ce voyage en Italie, patrie des humanistes, il est bien vite déçu dans ses ambitions, déchante rapidement et exprime, entre autres, sa nostalgie, sa douleur dans bien des sonnets du recueil. Cependant, son recueil Les Regrets s'ouvre sur trois pièces liminaires Ad lectorem A M. d'Avançon A son livre lesquelles sont suivies d'une série de 5 sonnets qui constituent, au seuil de l'ouvrage, ce que l'on peut appeler un art poétique, où il présente les orientations de son texte. [...]
[...] Ici, l'adjectif antéposé belle se pare de connotations assez négatives, à moins qu'elles ne soient au contraire trop positives : en ce cas, Du Bellay ferait ici aveu de modestie. Cet aspect (la modestie) est d'ailleurs conforté par le vers 5. A nouveau, on retrouve un terme appartenant au champ lexical de la peinture (avec le verbe peindre). Le vers est encore affecté d'une modalité négative : Du Bellay poursuit son énumération de refus. Le lecteur a l'impression que le poète se rabaisse lui-même, comme le suggère une expression comme de si riche peinture avec un intensif éloquent. [...]
[...] Du Bellay explique ses positions : il refuse vivement ce qui est artificiel ou ce qui lui semble tel, il rejette la pompe de la grande poésie ce côté artificiel est explicité par l'emploi de termes dépréciatifs comme peigner et friser déguiser Du Bellay fait ainsi preuve, à nouveau, de modestie ; il opte de son propre aveu pour un style bas par opposition aux braves noms (c'est-à-dire, les odes, l'histoire), qui font écho aux riches peintures entre autres. Du Bellay s'efforce enfin, dans les derniers vers, de définir au mieux ses poèmes, et les appelle commentaires (ce terme clôt le sonnet). [...]
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