C'est durant un voyage en Italie, accompagnant en tant que secrétaire son oncle le cardinal Jean du Bellay que Joachim du Bellay compose une partie de ses Regrets. Ce voyage qui fut une mauvaise expérience pour le poète est ce qui donne à son recueil une coloration lyrique et très personnelle. Refusant alors les modèles et les codes littéraires, il use d'une poésie plus intime. Dans ce poème « XIV », du Bellay fait un éloge des vers et de la poésie qui lui permettent d'oublier pendant le temps de l'écriture les tracas de la vie quotidienne en s'évadant dans un monde libre et idéal. Nous pouvons nous demander après la lecture de ce poème comment est organisé tout au long du sonnet cet éloge de la poésie et des vers.
[...] -Le deuxième tercet est étroitement lié au tercet précédent qui le conclue grâce au Si donc et qui résume le tercet en un seul vers : Si donc j'en recueillis tant de profits divers Les capacités de la poésie qui aide le poète à supporter sa vie quotidienne étaient précédemment expliquées, elles sont maintenant résumées et exprimées par le substantif : profits dont l'importance est renforcée par l'adjectif divers qui montre la grandeur de son champ d'action. Le poète affirme de façon très nette ce pouvoir des vers et ce dans les moindres activités de sa vie quotidienne. [...]
[...] -Le deuxième mouvement de ce sonnet est mis en place par le premier tercet dont le premier alexandrin replace le vers et son pouvoir en tête car sujet des actions : Les vers chassent Ce vers est appelé volta car il se démarque des vers précédents appartenant aux quatrains et il se doit de marquer sa différence en usant d'un tour particulier. Dans ce poème, la coupure se fait parce que les vers sont de nouveau sujet, mais ce premier vers ne se différencie pas complètement des deux suivants et ce n'est pas véritablement la volta qui offre un retournement mas le tercet tout entier qui place les vers sujets des verbes d'action, un verbe pour chaque vers et qui représentent différentes actions : chassent de moy la molle oisiveté me font aymer la douce liberté chantent pour moi ce que dire je n'ose. [...]
[...] - Construction parallèle des vers 1 et 2 par rapport aux vers 3 et précédés en revanche d'une conjonction de coordination : Si . les vers Et si dessus les vers Parallèle de construction renforcé par la répétition des terme presque identiques : fasché, fascheux fascheux défasche et créditeur des vers 1 et 2 renvoie ensuite à serviteur des vers 3 et 4. -Une autre différence : dans le deuxième vers, les vers étaient sujet tandis que dans le quatrième vers, c'est poète qui est sujet de desfache montrant alors que c'est lui qui maîtrise le vers et lui donne forme. [...]
[...] Du Bellay utilise la poésie pour parler de la Poésie. Dans ce poème, la poésie est donc le moyen et le sujet du sonnet. Enfin, d'après l'apostrophe faite à un certain Boucher ce poème pourrait bien lui être adressé, afin de lui prouver que la poésie n'est pas une activité oisive et inutile. Du Bellay exprime ainsi la spécificité poétique afin de la valoriser pour prouver non seulement qu'elle n'est pas un don mais qu'elle est le fruit du travail et de la rigueur, mais encore, qu'elle n'est pas une activité gratuite et oisive. [...]
[...] Mais cette question peut également nous faire penser que cette personne, Boucher, est en fait celui qui a déclenché la création de ce poème précisément .Nous pouvons imaginer que ces deux questions sont peut être celles qu'il aurait posées, à un moment donné, au poète et auxquelles Du Bellay se propose de répondre par l'intermédiaire de ce poème afin de répondre aux questions de Boucher, ou plutôt à ses accusations (peut être que ce dernier a voulu dire en posant ces questions que la poésie est inutile) en montrant en quoi la poésie est un moyen échappatoire pour le poète qui le temps de l'écriture oublie sa vie et ses soucis. Nous pouvons donc conclure que ce poème de Du Bellay, extrait de son recueil Les Regrets, témoigne bien de la coloration affective que prend cette œuvre. Ce poème XIV fait l'éloge de la création poétique et des pouvoirs du vers qui agissent de façon bénéfique sur le poète, le faisant agir ou l'apaisant lorsqu'il le faut. [...]
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