A. Leur démarche
Pour mieux faire sentir le ridicule de cette cour où se pavanent des individus empesés et prétentieux, Du Bellay choisit d'abord de nous montrer les courtisans en train de marcher. Il s'y prend de telle manière qu'on ne sait plus si l'on a affaire à une cour ou à une basse-cour : les êtres qui nous apparaissent circulent en effet avec une solennité de dindons exprimée par le rythme du premier vers souligné par la répétition de "grave", et, si l'on ose dire, le plaisant "enjambement" du deuxième vers ("et d'un grave souris") : ainsi se trouve reconstituée une démarche à la fois étudiée et mécanique tandis que l'image du gallinacé est renforcée par l'emploi du mot "balancier", le mouvement de la tête (répondre de la tête) et le "grave sourci" qui évoque l'impitoyable sérieux du regard des volailles.
B. Les cris des paons
Comme il se doit, ces créatures jettent de temps en temps un cri : "avec un Messer non ou bien un Messer si". Bien entendu, tout au long de l'évocation, le texte adopte un rythme à deux temps caractéristique de la démarche : "répondre" reprend "balancer", "grave" reprend "grave" et "Messer si" "Messer non".
Conclusion partielle et transition
Du Bellay exploite ainsi une source connue de comique, bien définie depuis par Bergson selon qui le rire naît notamment du "mécanique plaqué sur le vivant". Mais le rire s'aggrave dans ce poème d'un jugement moral comme nous allons le montrer maintenant.
II. Leur moralité douteuse
A. Valeur de l'infinitif
Ce n'est pas un hasard en effet si le mode infinitif est si souvent employé dans ce poème : il faut attendre le vers 12 pour découvrir que nous n'avons pas affaire à un mode d'emploi ou pis encore, à une recette de cuisine, car neuf infinitifs se succèdent, créant immanquablement l'atmosphère d'un recueil de conseils culinaires (...)
[...] Politesse hypocrite C. Vanité D. Attaques directes Conclusion partielle et transition III. Autoportrait A. Valeur de on B. Rythme du vers 13 C. Autodérision Conclusion : un texte tonique férocité mais autodérision Introduction : présentation du texte et annonce du plan Parti pour Rome en 1553, le poète humaniste Joachim Du Bellay y connut, outre les émotions nées de sa rencontre avec les ruines de la Rome antique, les déconvenues que lui réservait un emploi subalterne peu propre à satisfaire ses grandes ambitions. [...]
[...] Attaques directes Enfin Du Bellay laisse parfois transparaître, sans procédés, son jugement : outre l'ironie meurtrière de Voilà de cette cour la plus grande verte, on trouve crûment des mots tels que contrefaire l'honnête ou cacher sa pauvreté Conclusion partielle et transition C'est ainsi que se trouvent épinglés les courtisans romains dans un poème où la satire est proche de la férocité. Mais il aurait été trop facile, pour Du Bellay, d'opposer la pureté et l'honnêteté de sa personne au ridicule des pauvres courtisans ; c'est pourquoi le poète exerce dans la dernière strophe sa plume vengeresse sur sa propre personne. III. Autoportrait A. [...]
[...] Marcher d'un grave pas Marcher d'un grave pas et d'un grave sourci, Et d'un grave souris à chacun faire fête, Balancer tous ses mots, répondre de la tête, Avec un Messer non ou bien Messer si, Entremêler souvent un petit E cosi, Et d'un son Servitor contrefaire l'honnête ; Et comme si l'on eût sa part en la conquête, Discourir sur Florence, et sur Naples aussi ; Seigneuriser chacun d'un baisement de main, Et, suivant la façon du courtisan romain, Cacher sa pauvreté d'une brave apparence : Voilà de cette cour la plus grande vertu, Dont souvent, mal monté, mais sain et mal vêtu, Sans barbe et sans argent, on s'en retourne en France. Introduction : présentation du texte et annonce du plan I. Le ridicule des courtisans A. Leur démarche B. Les cris des paons Conclusion partielle et transition II. Leur moralité douteuse A. Valeur de l'infinitif B. [...]
[...] Leur démarche Pour mieux faire sentir le ridicule de cette cour où se pavanent des individus empesés et prétentieux, Du Bellay choisit d'abord de nous montrer les courtisans en train de marcher. Il s'y prend de telle manière qu'on ne sait plus si l'on a affaire à une cour ou à une basse-cour : les êtres qui nous apparaissent circulent en effet avec une solennité de dindons exprimée par le rythme du premier vers souligné par la répétition de grave et, si l'on ose dire, le plaisant enjambement du deuxième vers et d'un grave souris : ainsi se trouve reconstituée une démarche à la fois étudiée et mécanique tandis que l'image du gallinacé est renforcée par l'emploi du mot balancier le mouvement de la tête (répondre de la tête) et le grave sourci qui évoque l'impitoyable sérieux du regard des volailles. [...]
[...] Conclusion : un texte tonique férocité mais autodérision Ainsi, bien que du Bellay ait beaucoup souffert à Rome, en raison notamment de blessures morales, nous sommes ici en présence d'un texte relativement tonique : c'est avec une joyeuse férocité que le poète croque les courtisans et c'est avec une saine ironie qu'il se dépeint, préférant l'autodérision aux lamentations la critique des courtisans devient du même coup plus convaincante puisque le moraliste ne nous apparaît pas drapé dans une attitude pontifiante. [...]
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