[...] Ce sonnet patriotique est à l'évidence un cri de désespoir du poète, qui "regrette" son pays perdu (rappelant ainsi le titre du recueil). Dès lors, le lecteur ne peut qu'être ému par cet appel pathétique :
- un poète-enfant
Du Bellay se dresse en enfant et fait de la France sa "mère" (vers 1). Cette relation filiale est induite par le champ lexical de la maternité : "mère" (vers 1), "lait et mamelle" (vers 2), "nourrice" (vers 3), "enfant" (vers 5). L'appel devient alors celui d'un enfant qui a perdu sa mère, et gagne en pathétique.
- le silence de la France
Malgré cet appel patriotique du poète, sa "mère patrie" reste silencieuse et ne répond pas, renforçant encore plus le pathétique de la plainte. Le poème est un long cri solitaire du poète, qui ne résonne que dans "les antres et les bois" (vers 4), ne trouvant pas de destinataire comme dans la poésie amoureuse ("Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix", vers 8).
- le rejet de l'Italie
Il apparaît à travers les "loups" (vers 9), métaphore des courtisans de la Cour italienne et rappelle qu'à l'époque d'écriture du sonnet, Du Bellay avait accompagné à Rome son illustre parent, le cardinal Jean du Bellay, qui lui avait confié l'intendance de sa maison. Mais l'enthousiasme des premiers temps de ce séjour romain avait rapidement céder la place au désenchantement de l'obligation navrante de "courtiser". À travers cette terminologie péjorative, le poète ne crie que mieux son désespoir de ne plus être en France.
[...] Directement influencées par les Bucoliques de Virgile, l' "agneau" (vers 3) est l'allégorie de la faiblesse, de la pureté et de l'innocence, tandis que "les loups" (vers 9) est celle de la force, de la cruauté et de la perfidie. Loin de la France, le poète est comme un agneau abandonné au milieu d'une meute de loups (...)
[...] Dès lors, le lecteur ne peut qu'être ému par cet appel pathétique : - un poète-enfant Du Bellay se dresse en enfant et fait de la France sa mère (vers 1). Cette relation filiale est induite par le champ lexical de la maternité : mère (vers lait et mamelle (vers nourrice (vers enfant (vers 5). L'appel devient alors celui d'un enfant qui a perdu sa mère, et gagne en pathétique. - le silence de la France Malgré cet appel patriotique du poète, sa mère patrie reste silencieuse et ne répond pas, renforçant encore plus le pathétique de la plainte. [...]
[...] Le sonnet France, mère des arts, des armes, et des lois est le neuvième du recueil. Paradoxalement, au XVIème siècle, c'est l'Italie qui est appelée mère des arts En donnant ce surnom à la France, l'auteur prolonge la méditation du sonnet VII Cependant que la Cour mes ouvrages lisait un des plus célèbres du recueil, dans lequel il aborde les liens entre un poète et le pays qui l'inspire Et qui ne prend plaisir qu'un Prince lui commande ? / L'honneur nourrit les arts, et la Muse demande / Le théâtre du peuple, et la faveur des Rois. [...]
[...] Le huitain est composé de deux quatrains, le sizain de deux tercets. Il comporte une volta qui consiste en un changement majeur du sujet entre le huitain et le sixain. Le poète, dans la première moitié du poème, rime sur un thème, la seconde lui permettant de présenter, grâce à la volta, une réflexion personnelle à propos de ce même sujet. Ainsi, l'opposant à la formulation originale de son aîné, on relève : - l'utilisation de l'alexandrin Contrairement au décasyllabe de son aîné, l'alexandrin est considéré au XVIème siècle comme très proche de la prose, et donc peu adapté à la grande poésie, offrant une souplesse plus importante et permettant un rythme plus proche de celle-ci. [...]
[...] Conclusion Ce neuvième sonnet des Regrets occupe une place à part dans le recueil, en ce sens qu'il ne traite pas directement du thème principal de l'œuvre qui est celui du masque et des apparences trompeuses. Ici, le poète fait uniquement place à une longue plainte pathétique, un appel à sa patrie dont il a été éloigné. [...]
[...] Joachim du Bellay, France, mère des arts, des armes, et des lois» Sonnet IX, Les Regrets ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Joachim du Bellay (1522-1560) est un poète français dont l'œuvre la plus célèbre, Les Regrets, est un recueil de sonnets d'inspiration élégiaque et satirique, écrit à l'occasion de son voyage à Rome de 1553 à 1557 et publié lors de son retour à Paris en 1558. Ce recueil comporte 191 sonnets qui chantent la nostalgie du pays natal, avec Ulysse comme figure tutélaire, image de celui qui cherche à revenir chez lui après un long voyage. [...]
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