Bel Ami, Maupassant, réalité, Georges Duroy
«Bel-Ami est un roman qui fera beaucoup crier, mais qu'on lira avec passion, bien qu'il ne s'en dégage pas un honnête homme, pas une honnête femme, et qu'il contienne la plus jolie collection de coquins et coquines que l'on puisse imaginer.» Telle était la réaction du journal Gil Blas le 17 Juin 1885. Bel-Ami, roman réaliste et très critique de la société du XIXème siècle, est un réel succès pour Maupassant. Il devra cependant essuyer quelques critiques de la part de ses confrères journalistes, lui reprochant d'avoir caricaturé le milieu journalistique.
Bel-Ami de Maupassant est l'histoire de Georges Duroy, un homme arriviste et sans scrupules, complètement ivre de pouvoir et de réussite. Cet homme va grimper peu à peu les échelons de la société, non pas grâce à son talent, mais grâce, en grande partie, à ses conquêtes féminines. L'extrait sur lequel nous allons nous attarder n'est autre que le dénouement du roman. Bel-Ami décide, après avoir divorcé d'avec Madeleine, d'épouser Suzanne Walter, la fille du directeur de la Vie Française. Ce mariage va se dérouler en grande pompe et Bel-Ami va ressentir, quelque peu, son besoin de réussite comblé. Cet épilogue est essentiel a la compréhension de Duroy, et l'est d'autant plus, quand il est mis en parallèle avec l'incipit du roman. Ce jeune homme pauvre et indécis du début, a fini par trouver sa voie.
[...] Bel-Ami triomphe même sur un plan religieux. Il choisit de se marier dans l'une des plus belles et des plus importantes églises de Paris, l'église de la Madeleine. Une église réservée à la haute société. Mais ce lieu est d'autant plus symbolique pour Du Roy que c'était le lieu d'un grand nombre de ses rendez-vous galants. Cette église est le témoin de l'ascension de cet homme peu scrupuleux et de sa réussite amorale. Même avec ses pensées, Du Roy profane le lieu. [...]
[...] Si bien que son sentiment de réussite est renforcé, et Du Roy fait preuve d'une assez grande mégalomanie. Il domine la rue Royale comme au début du roman, mais cette fois, la foule le regarde. Contrairement au début où la foule le bousculait. Il se voit tel un monarque entouré de sa foule. «Georges, affolé de joie, se croyait un roi qu'un peuple venait acclamer.» La foule qui «coule devant lui comme un fleuve», laisse entendre que cette foule est immense. [...]
[...] Bel-Ami s'inscrit dans la lignée des romans naturalistes de son époque. Un naturalisme des milieux aisés, comme l'exposait Goncourt dans la préface de Chérie. La description de Duroy dans l'incipit relève de l'écriture réaliste. Il est décrit comme un personnage ayant une fière allure, assez sur de lui-même. Il erre dans les rues de Paris à la recherche d'une rencontre qui pourrait lui donner un but dans sa vie. Duroy est un Parisien typique qui profite des plaisirs la vie. [...]
[...] C'est donc un roman d'apprentissage et un roman naturaliste qui nous dépeint un homme sans fortune, qui va, par une pure coïncidence, accéder et évoluer dans un milieu social qu'est le journalisme véreux et dans lequel il va réussir malgré son incompétence. Bel-Ami nous prouve dans ce passage qu'il n'a pas changé: il reste identique au Duroy de l'incipit. Il est certes un être sensuel, mais toujours aussi narcissique, cupide et sûr de lui-même. Il est au faîte de sa gloire. [...]
[...] Du Roy réussira socialement et professionnellement, notamment grâce aux femmes. Mais dans le passage que nous étudions, tout cela semble ne pas lui suffire. Il voudrait désormais être reconnu en tant qu'homme politique. «Relevant les yeux, il découvrit là-bas, derrière la place de la Concorde, la chambre des députés. Et il lui sembla qu'il allait faire un bond du portique de la Madeleine au portique du Palais-Bourbon» Il se voit futur député. Il descend les marches en espérant satisfaire ce nouveau désir de pouvoir. Bel-Ami est un éternel ambitieux. [...]
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