Le début d[u] roman nous fait le portrait du personnage principal déambulant dans un quartier populaire de la ville.
Cet extrait qui semble mettre l'accent sur la physionomie du héros paraît cependant orienter le lecteur vers de nombreux thèmes abordés dans ce roman.
Nous étudierons tout d'abord les caractéristiques de cette situation initiale riche et originale, puis le portrait détaillé de ce jeune homme présenté comme un séducteur.
I ? Une situation initiale riche et originale :
1. Un cadre réaliste et populaire : Le début de ce roman nous présente un cadre réel précis, le Paris de 1880, un soir «d'été », le « 28 juin ». Le Quartier Notre-Dame-de-Lorette est un quartier populaire, avec une foule diversifiée, des ouvrières, des bourgeoises, une artiste. Ce sont des femmes modestes, pathétiques ou économes, celles qui ne l'intéressent pas. L'image de cette artiste misérable avec ce portrait péjoratif de la « maîtresse de musique » indique déjà que l'art n'est d'aucune utilité dans ce monde, ce que lui confirmera Forestier dans ce même chapitre. Le moment décrit semble propice aux intrigues, à la sensualité, au « grand plaisir des nuits ». C'est aussi un quartier où évoluent beaucoup de femmes. La « Lorette » désigne une femme aux moeurs légères, et beaucoup de ces femmes résidaient dans ce quartier au XIXe siècle. L'auteur insiste par une hyperbole sur l'attraction de ce quartier, « rue pleine de monde », mais aussi sur le fait qu'il s'agisse du Paris des déshérités, des sans-le sous. Les expressions qui traduisent l'indigence sont nombreuses :« gargote à prix fixe » (3e paragraphe), « collation », « pain et saucisson ». L'ironie dans l'expression « grande dépense et grand plaisir », confirme ce propos. La ville est personnifiée, mais l'auteur la présente comme une personne malade dans la fin de ce passage (...)
[...] Cet arrêt et cette réflexion nous permettent de comprendre les préoccupations du héros, bien que le récit soit écrit à la troisième personne. Ils soulignent l'importance de l'argent, comme dans tout le roman. Un riche champ lexical de celui-ci est présent dans les paragraphes et 6 : monnaie de sa pièce de cent sous prix fixe trois francs quarante vint-deux sous coûtaient un franc vingt centimes dépense soixante francs donnant un caractère relativement mièvre à la misère. II Le portrait d'un séducteur : 1. [...]
[...] Guy de Maupassant (1850-1893), Bel ami, Incipit Première partie I Quand la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce de cent sous, Georges Duroy sortit du restaurant. Comme il portait beau, par nature et par pose d'ancien sous-officier, il cambra sa taille, frisa sa moustache d'un geste militaire et familier, et jeta sur les dîneurs attardés un regard rapide et circulaire, un de ces regards de joli garçon, qui s'étendent comme des cous d'épervier. Les femmes avaient levé la tête vers lui, trois petites ouvrières, une maîtresse de musique entre deux âges, mal peignée, négligée, coiffée d'un chapeau toujours poussiéreux et vêtue d'une robe toujours de travers, et deux bourgeoises avec leurs maris, habitués de cette gargote à prix fixe. [...]
[...] Il avait l'air de toujours défier quelqu'un, les passants, les maisons, la ville entière, par chic de beau soldat tombé dans le civil. Quoique habillé d'un complet de soixante francs, il gardait une certaine élégance tapageuse, un peu commune, réelle cependant. Grand, bien fait, blond, d'un blond châtain vaguement roussi, avec une moustache retroussée, qui semblait mousser sur sa lèvre, des yeux bleus, clairs, troués d'une pupille toute petite, des cheveux frisés naturellement, séparés par une raie au milieu du crâne, il ressemblait bien au mauvais sujet des romans populaires. [...]
[...] Mais il s'agit aussi d'un personnage ambigu, un mauvais sujet des romans populaires inquiétant, et qui intrigue. Son portrait physique laisse deviner son portrait moral et son attitude Un personnage déterminé et dominateur : la comparaison ironique et comique du deuxième paragraphe, comme des coups d'épervier en assimilant son regard à un filet à poissons, indique l'attitude dominatrice de Duroy, le regard d'un homme qui veut s'accaparer tout ce qu'il voit. L'important vocabulaire militaire présent dans le passage : pose d'ancien sous-officier geste militaire ainsi qu'au temps où il portait l'uniforme des hussards battait le pavé confirme ce constat. [...]
[...] Ce sont des femmes modestes, pathétiques ou économes, celles qui ne l'intéressent pas. L'image de cette artiste misérable avec ce portrait péjoratif de la maîtresse de musique indique déjà que l'art n'est d'aucune utilité dans ce monde, ce que lui confirmera Forestier dans ce même chapitre. Le moment décrit semble propice aux intrigues, à la sensualité, au grand plaisir des nuits C'est aussi un quartier où évoluent beaucoup de femmes. La Lorette désigne une femme aux mœurs légères, et beaucoup de ces femmes résidaient dans ce quartier au XIXe siècle. [...]
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