Etude analytique sur un extrait du chapitre VIII de la partie I de Bel-Ami de Guy de Maupassant.
[...] Faisant preuve d'opportunisme, Duroy assure Madeleine de son amitié en l'absence de son mari. Il n'est donc pas surprenant que quelques temps après, il reçoive une lettre de Madeleine Forestier qui lui demande de venir la rejoindre, Charles, son mari étant au plus mal. Il se rend au chevet de Forestier, agonisant. Peu après son arrivée, Charles décède. Dans ce chapitre qui clôt la première partie du roman, l'action de cet extrait se déroule pendant la veillée funèbre : Duroy et Madeleine sont seuls face au mort, et les pensées du journaliste vagabondent, révélant sa nature et ses motivations profondes. [...]
[...] homme ou femme, tu ne reviendras point sur la terre lignes 12-13 - Et jamais un être ne revient, insecte, homme ou planète ligne 17. Ainsi, son attitude apparaît paradoxale : sa peur est bien réelle, et non simulée comme ses sentiments amoureux. Elle révèle sa nature profonde, sa motivation intime : cette véritable phobie de la mort, ce besoin permanent de lutter le poussent à la possession totale des femmes, situations, titres et surtout gloire ! Ne faisant preuve d'aucune croyance religieuse, sa seule protection contre la mort réside en cet appétit dont parlait précédemment Madeleine. [...]
[...] Au fur et à mesure de la méditation, le lecteur assiste à un mouvement d'ouverture qui part du cadavre de Forestier à un on générique (ligne mis en valeur par la répétition insistante de la gradation croissante, puis à une généralisation de la mort d'autant plus inéluctable qu'elle intéresse tout ce qui existe : Les plantes, les bêtes, les hommes, les étoiles, les mondes (ligne 16) avec une échéance plus ou moins longue : Il pensait aux mouches qui vivent quelques heures, aux bêtes qui vivent quelques jours, aux hommes qui vivent quelques ans, aux terres qui vivent quelques siècles (lignes 20 à 22). Néanmoins, on remarquera que chez Duroy, la mort est une disparition concrète et matérielle de la matière organique. Même en méditant, son côté profondément matérialiste prend le dessus : chez lui, la mort est dépourvue de dimension véritablement spirituelle. II- La révélation de la personnalité de Duroy Une angoisse croissante Cet extrait permet de prendre conscience de l'angoisse extraordinaire de Duroy face à la mort. [...]
[...] Guy de Maupassant, Bel-Ami, Ie partie, chapitre VIII (extrait). ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Bel-Ami est un roman réaliste de Guy de Maupassant, publié en 1885 sous forme d'un feuilleton et dont l'action se déroule à Paris au XIXe siècle, en pleine révolution industrielle. Ce roman retrace l'ascension sociale de Georges Duroy, homme ambitieux et séducteur, parvenu au sommet de la pyramide sociale parisienne grâce à ses maîtresses et au journalisme. Le titre est aussi le surnom donné à ce personnage sur lequel s'ouvre et s'achève le roman, véritable itinéraire, aussi violent que palpitant, d'un parfait arriviste recherchant, à n'importe quel prix, un triomphe égoïste et une gloire sans effort. [...]
[...] Et pourtant chacun porte en soi le désir fiévreux et irréalisable de l'éternité, chacun est une sorte d'univers dans l'univers, et 15 chacun s'anéantit bientôt complètement dans le fumier des germes nouveaux. Les plantes, les bêtes, les hommes, les étoiles, les mondes, tout s'anime, puis meurt pour se transformer. Et jamais un être ne revient, insecte, homme ou planète ! Une terreur confuse, immense, écrasante, pesait sur l'âme de Duroy, la terreur de ce néant illimité, inévitable, détruisant indéfiniment toutes les existences si rapides et si 20 misérables. [...]
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