Le théâtre se caractérise traditionnellement par la mise en place d'un univers particulier par l'exploitation d'un espace singulier, l'espace scénique. Il est alors intéressant de se poser la question du traitement de cet espace dans Fin de partie. Cette question semble d'autant plus intéressante du fait de la volonté de remise en cause du théâtre lui-même que Beckett, à l'instar du théâtre avant-gardiste de l'après-garde, semble proposer dans son oeuvre dramaturgique. Quelle est la place de l'espace dans FDP ? Quelle est sa fonction ? Ses caractéristiques ? Nous verrons dans un premier temps que Beckett nous présente un espace clos et vide. Ensuite, nous verrons que cet espace scénique demeure toutefois structuré. Enfin, nous verrons la nécessité de poser cet espace en confrontation avec le « hors-scène », l'extérieur (...)
[...] L'espace se structure, prend forme par le mouvement des personnages. On peut à partir de là, poser plusieurs lectures possibles de ce constat : le personnage se créerait-il ainsi le lieu de son propre enfermement ? Ou bien nous avons ici une vision d'un espace géométrique en réponse à une vision de l'univers, du cosmos. Ou encore, l'espace, vide, prend sens aux yeux des hommes par l'organisation que ce dernier projette sur lui, à l'image des sciences abstraites ? Clov donnerait sens, ferait entrevoir une construction à cet espace désespérément vide comme on apposerait des règles de physique sur le fonctionnement de l'univers ? [...]
[...] Quelle est la place de l'espace dans Fin de partie ? Quelle est sa fonction ? Ses caractéristiques ? Nous verrons dans un premier temps que Beckett nous présente un espace clos et vide. Ensuite, nous verrons que cet espace scénique demeure toutefois structuré. Enfin, nous verrons la nécessité de poser cet espace en confrontation avec le hors-scène l'extérieur. I Un lieu clos et vide Un lieu d'enfermement Dans son approche de la notion d'espace, Beckett refuse là aussi le mimétisme, la reproduction du monde réel mais utilise les caractéristiques formelles et conventionnelles de l'espace théâtral, celui de la représentation et remet en cause la notion même d'espace. [...]
[...] Un lieu marqué par le vide En outre, Fin de partie se déroule entièrement dans un espace marqué par le vide. La didascalie initiale porte simplement l'indication intérieur sans meubles Les murs ne sont pas explicitement évoqués, seule l'idée d'un intérieur doit être représentée. Cette unique indication invite à un dépouillement de la mise en scène, dépouillement mis en exergue par une lumière grisâtre Cette lumière évoque, dans une esthétique et une démarche très Beckettienne, un entre-deux. Une hésitation prolongée, qui refuse la signification tranchée. [...]
[...] Cela concerne surtout Nagg et Nell qui semblent seuls à avoir une réelle histoire, un passé ancré dans un monde vraiment différent de celui qu'ils subissent aux présents. Ce passé exulte et semble les libérer vraiment lorsqu'ils énoncent des noms. Ce qui les rattache au passé, à une réalité réconfortante, puissance, ce sont les noms. Conte ce monde anonyme, vide. Il y a la puissance du nom propre et des évocations qui l'accompagnent. L'autre possibilité d'évasion est le rêve. Ainsi, Hamm s'imagine sans handicap et sans frustration : : Si je dormais je ferais peut-être l'amour. J'irais dans les bois. [...]
[...] 23).C'est un univers figé qu'il décrit, où plus rien ne se passe : Zéro Cette description nous laisse toutefois entrevoir l'ambiguïté de cet espace extérieur et cet espace intérieur. En effet, les analogies entre les deux mondes sont nombreuses. Ils sont tout deux marqués par la même vanité, le même vide, la même vie-morte. L'ailleurs est exactement un autre enfer que celui que le spectateur voit sur la scène : tous deux ont la même couleur : Gris ! GRRIS (p. [...]
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