François de Malherbe est considéré comme le premier théoricien de l'art classique ; celui-ci devait s'appuyer sur les principes de clarté, d'équilibre mesuré et de bienséance. Malherbe exprime, dans ce poème d'amour, la tristesse face à l'absence de l'aimée en comparant cette dernière à l'architecture et aux jardins dans lesquels il se promène. On analysera dans ce poème l'éloge de l'architecture et de l'art, l'absence de l'aimée et les marques du classicisme.
Dans ce poème "Beaux et grands bâtiments d'éternelle structure ", Malherbe fait l'éloge de la beauté des bâtiments et des jardins créés par les artistes d'Henri IV. On trouve, ainsi, dans ce sonnet une réflexion implicite sur la beauté, comme le témoigne l'utilisation répétitive de l'adjectif « beau », ainsi que celle des adjectifs « superbes » (vers 2), « agréable » (vers 8). D'autre part, ces particularités esthétiques, qui esquissent la conception de la beauté dans l'art pour le poète, sont associées tout à la fois à l'architecture, discipline artistique qui produit des œuvres durables, et à l'amour, sentiment éphémère.
[...] Tout au long du poème cette nature maîtrisée à été personnifiée, il s'est adressée à elle comme s'il s'agissait d'une personne Avez donnez vos (v.10), vous (v.12), vous (v.13) Il semblerait qu'il se justifie devant cette nature maîtrisée (l'art, et son prestige), qu'il ne veut pas blesser sa susceptibilité Ce n'est pas qu'en effet vous n'ayez des appas (v.12). Les lieux sont beaux, mais il ne peut pas percevoir vraiment cette beauté puisque l'aimée est absente. Malherbe applique d'abord au paysage des termes appartenant au langage amoureux désirs plaisirs (v.10) pour amener progressivement le nom de la femme. [...]
[...] "Beaux et grands bâtiments d'éternelle structure", François de Malherbe Beaux et grands bâtiments . Beaux et grands bâtiments d'éternelle structure, Superbes de matière, et d'ouvrages divers, Où le plus digne roi qui soit en l'univers Aux miracles de l'art fait céder la nature. Beau parc, et beaux jardins, qui dans votre clôture, Avez toujours des fleurs, et des ombrages verts, Non sans quelque démon qui défend aux hivers D'en effacer jamais l'agréable peinture. Lieux qui donnez aux coeurs tant d'aimables désirs, Bois, fontaines, canaux, si parmi vos plaisirs Mon humeur est chagrine, et mon visage triste : Ce n'est point qu'en effet vous n'ayez des appas, Mais quoi que vous ayez, vous n'avez point Caliste : Et moi je ne vois rien quand je ne la vois pas. [...]
[...] C'est un ensemble harmonieux, beau Beau parc, beaux jardins délimité par une clôture comme on délimite un tableau avec un cadre clôture (v.5). Dans cet espace tout est créé pour être beau : fleurs ombrages verts (v.6) et le poète indique l'état permanent de ce tableau, à travers les adverbes toujours et jamais (v.8). Mais cet état de perfection ne pourrait être possible sans l'aide de l'homme, du jardinier (autre métaphore du créateur, qu'il soit divin, royal, poète ou au littéral l'artisan qui, même en hiver, réussit à maîtriser la nature et conserver le tableau intact. [...]
[...] La césure, élément fixe dans la poésie de Malherbe est présent ici en découpant l'alexandrin en deux hémistiches, comme nous pouvons le constater dans les exemples suivants : Beaux et grands bâtiments d'éternelle structure, Superbes de matière, et d'ouvrages divers (v.1-2) structure (rime féminine, v.1) divers (rime masculine, v.2) univers (rime masculine, v.3) nature (rime féminine, v.4) Du point de vue de la thématique de l'argumentation, il passe des éléments architecturaux bâtiments v.1) dans le premier quatrain, aux éléments de la nature fleurs v.6) dans le deuxième quatrain, pour passer à l'ensemble Lieux v.9) dans le premier tercet et marquer la chute dans le vers 11 avec la première personne Mon Ce dernier vers du premier tercet appelle toute la dernière strophe où il parle de son amour. C'est une argumentation claire et parfaite du classicisme. [...]
[...] Beaux (v.1) Beau parc, et beaux jardins (v.5) Les bâtiments, créés pour le plaisir de l'œil humain, sont beaux, mais également majestueux, et grandioses dans leur totalité. Il éloge la beauté artistique mais surtout dans la perspective de la technique ou de la composition structure de sorte que les bâtiments s'associent à la poésie. Ils sont grandioses aussi bien dans leur dimension grands bâtiments que dans leur matière, d'une grande qualité superbes de matière (v.2). De même il sous-entend que tous les ouvrages qui entourent ces bâtiments, comme des statues ou des ornements le sont aussi ouvrages divers (v.2). [...]
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