Commentaire composé sur l'Incipit de Mémoires d'une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir.
[...] Sa manière de mettre en place un contexte général rappelle celle de Marguerite Yourcenar, dans Souvenirs Pieux. Son enfance rappelle aussi, mais de très loin, celle de Jules Vallès, dans L'Enfant. L'auteur n'a pas autant souffert physiquement et moralement que lui, mais ne semble pas avoir vécu totalement heureuse, dans son abri. [...]
[...] Simone de Beauvoir l'écrit ; elle est imprécise dans l'évocation de ses souvenirs. Elle le rappelle par le présent d'énonciation : Aussi loin que je me souvienne l9, je ne retrouve guère qu'une impression confuse l13. On peut remarquer qu'elle se sert d'un album-photos en tant que support afin de l'aider à écrire son passé Je tourne une page de l'album l6, par conséquent, elle fait plus de description que de narration. L'expression Aussi loin que je me souvienne l9 montre que les outils du passé sont dus à des souvenirs lointains qui lui sont également un obstacle ; l'auteur risque de manquer de précision. [...]
[...] Avant la naissance de sa petite sœur, sa famille était son refuge. Ce qui nous permet de dire cela est : J'en fus, paraît-il, jalouse, mais pendant peu de temps. l8 en parlant de sa sœur, qui lui aurait volé sa place au milieu de ces gens, ces protecteurs à sa naissance. La protection qu'elle avait perdue à ce moment-là, l'auteur désirait la retrouver. C'est ainsi qu'elle désigna la niche creusée sous le bureau comme abri secondaire, qu'elle garda toute son enfance Ainsi se passa toute mon enfance. [...]
[...] La moquette la soie et le velours sont des matières chaudes et douces également. C'est à travers plusieurs mots que Simone de Beauvoir montre la protection dont elle avait besoin, protection qu'elle ne désirait pas sans raison, raison qui se trouve, à priori, dans le paragraphe précédent. Ainsi, dans le premier paragraphe, de Beauvoir nous évoque sa famille. Mais ne parlerait-elle pas implicitement de ce qui lui a causé cette envie de refuge ? Car lorsque nous parlons de famille, nous pensons à la chaleur des gens qui nous entourent et nous protègent. [...]
[...] J'avais une petite sœur : ce poupon ne m'avait pas. De mes premières années, je ne retrouve guère qu'une impression confuse : quelque chose de rouge, et de noir, et de chaud. L'appartement était rouge, rouges la moquette, la salle à manger Henri II, la soie gaufrée qui masquait les portes vitrées, et dans le cabinet de papa les rideaux de velours ; les meubles de cet antre sacré étaient en poirier noirci ; je me blottissais dans la niche creusée sous le bureau, je m'enroulais dans les ténèbres ; il faisait sombre, il faisait chaud et le rouge de la moquette criait dans mes yeux. [...]
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