La Beauté sur la terre, Charles-Ferdinand Ramuz, roman, amour, beauté, laideur, tristesse, solitude, mort
Dans ce passage, Émilie attend Maurice dans un bal, mais celui-ci n'arrive pas.
Ce moment, qui est censé être joyeux puisqu'il s'agit d'un rendez-vous amoureux, devient alors un moment triste, bizarre et monstrueux.
[...] Ces répétitions créent une impression de solitude : Emilie se trouve isolée dans une foule indistincte. Cette anaphore est opposée, dans le paragraphe qui précède le passage à commenter, à une anaphore du pronom « Ils », en début de phrase, on voit bien qu'il s'agit de décrire Emilie comme étant seule contre tous. Emilie est consciente de sa solitude et se demande « Moi, qu'est-ce que je fais ici ? » puis reprend cette question avec un parallélisme de construction « Moi, où est-ce que je vais aller ? » (page 244). [...]
[...] Et même si Emilie trouve que ces planches sentent bon, il y a là un détail qui participe de la construction d'une atmosphère qui devient de plus en plus noire lors de ce bal, alors qu'Emilie ne trouve pas Maurice. Ce qui « sent le sapin », c'est peut-être ce rendez-vous amoureux, et leur histoire d'amour. En conclusion, Emilie ici apparaît comme un personnage seul et triste, et elle semble beaucoup se rapprocher de Juliette. On pourrait rapprocher ce passage avec d'autres passages pessimistes du roman qui montrent la solitude du personnage de Juliette. [...]
[...] La description des personnages - Elle donne à voir seulement des détails dans une grande énumération. Les danseurs du bal ne sont pas décrits dans leur globalité, on ne voit seulement que des parties du corps qui sont isolées. Cela construit une atmosphère inquiétante en évoquant une sorte de démembrement de tous les danseurs : « Il n'y avait là qu'un grand ensemble de dos, de têtes, de mains tenues en l'air, de mains posées à plat sur une épaule blanche, sur une épaule rose, de têtes sans chapeau, de têtes à chapeau, de figures à moustache, de figures sans moustaches (?). [...]
[...] La description des musiciens - Des artisans de la laideur. Le roman de Ramuz qui s'appelle La beauté sur la terre a pour sujet principal la beauté. Ce moment de la fête et du bal, qui met en valeur la musique, devrait être un moment de beauté. Mais les musiciens semblent ici plutôt contribuer à la laideur : « Les musiciens avaient ôté l'embouchure de leurs instruments ; ils soufflent dedans, puis ils secouent leurs instruments pour en faire tomber la salive, sous les drapeaux, sous les guirlandes. » (page 243). [...]
[...] Dans ce passage, comme dans tout le roman de Ramuz, le paysage a une dimension symbolique forte. Ici, la soudaine disparition du soleil est symbolique de la disparition de Maurice et de la tristesse d'Emilie : « Il se fait un grand obscurcissement du jour sur le chemin blanc qui devient gris, un obscurcissement du soleil dans le ciel qui se voile, sur l'herbe, sur les tables, là où on boit, là où on s'amuse, là où on rit. » Tout le bal (décrit dans cette triple anaphore en « là ») paraît devenir noir, et la météo est ici symbolique de la tristesse du personnage principal de ce passage. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture