Beaumarchais, homme d'esprit et dramaturge audacieux, écrit en 1775 Le mariage de Figaro ou la folle journée, pièce qui ne sera jouée qu'en 1784 et qui incarnait selon Bonaparte « la Révolution en action ». Cette comédie, de structure assez complexe, suit un fil conducteur (...)
[...] Il est inclus spontanément dans la coalition en raison de sa personnalité bien connue de valet frondeur. La question qui l'appelle l.41 a une raison scénique : il arrive donc à la scène suivante. Conclusion : Dans cet extrait, Suzanne joue le rôle d'entremetteuse tout en rapportant à la comtesse les événements de l'acte I. Cette intimité est permise par le lieu, qui rappelle l'atmosphère d'un gynécée, et elle a pour conséquence de rallier la comtesse au camp des opprimés. [...]
[...] Puis comment le désir amoureux est représenté dans ce lieu d'intimité exclusivement féminin. Enfin nous constaterons que se crée aux cours de cette scène un parti des dominés qui s'érige contre toutes les formes d'oppression : Suzanne narratrice et actrice : La confidente : Alors que l'acte I était situé dans la future chambre nuptiale, bien peu intime, de Suzanne et Figaro, la didascalie initiale de l'acte II place l'épisode dans la chambre à coucher superbe de la comtesse. Cette chambre est un lieu d'échanges confidentiels : les repères spatiaux l.1 se jette et ferme la porte indiquent cette clôture. [...]
[...] Mais d'autres phrases sont citées sans les italiques : par exemple la ligne 21 tu ne l'auras qu'avec ma vie est une reprise de l'acte scène 7. Suzanne restitue donc la vérité des propos et se charge aussi d'un rôle d'entremetteuse en mettant sa propre parole en scène. L'entremetteuse : Suzanne apparaît comme une femme rusée, une fausse ingénue : elle emploie des négations, des précisions : l.5 Oh, que non l.8 c'est-à-dire Elle assure la dynamique du récit en structurant ses propos et en relançant sans cesse son discours : l.12 c'est ce que j'ai dit l.17 puis l.23-24 - Eh bien, Suzon ? [...]
[...] Le trouble : Symbolisé par Chérubin, allégorie de Cupidon, le désir fait irruption pour désemparer la comtesse délaissée par son époux. L'appellatif démon l.25 est l'écho inversé de ange qui renvoie à l'origine du prénom du page[2]. La référence implicite au dieu de l'amour suggère la toute-puissance du désir. La comtesse parvient difficilement à cacher son trouble, comme l'attestent la plupart des didascalies l La ponctuation expressive dans ses propos montre également sa langueur, son incapacité à se concentrer sur la demande de Suzanne : la structure met en évidence cette difficulté à mettre au second plan son désir personnel puisque les lignes 7 à 28 sont consacrées au page. [...]
[...] La société du XVIII° siècle étant très hiérarchisée, le jeu des protections restait le seul recours face à l'arbitraire des dominants ; ainsi on trouve le champ lexical de la protection : l 39- 40. La coalition : Les manœuvres de Suzanne ont une chance d'aboutir car la comtesse se sent elle-même victime d'une injustice l.37-39 : l'adjectif seul signale le caractère exceptionnellement rare des torts de la comtesse. Sa faute paradoxale (avoir trop aimé le comte) s'oppose l.39 à l' honnête aveu de Suzanne. La tournure négative je n'entends pas suivie du futur l.40 tu épouseras Figaro marquent une forte volonté. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture